Marc CESARINI
L-7249 BERELDANGE
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Depuis quelques temps, Ciel Extrême aime à nous faire découvrir le ciel d’autres horizons.
Si je ne me trompe, tout à commencé en octobre 98 avec le voyage de F.Butz et L.Portie près des geysers chiliens. Qui n’a jamais rêvé du site parfait : transparence exceptionnelle, turbulence et pollution nulles, météo à la fois clémente et prévisible, mais aussi facilité d’accès et conditions de vie décentes. Autant dire que ce site rêvé n’existe pas, sauf au paradis. Il paraîtrait quand même qu’un certain ciel extrémiste l’aurait découvert.
Non, ce site n’existe pas ! Pas chez nous en tout cas. Ou alors il vous faudra sacrifier une des qualités convoitées. Avec les années, l’astronome dans sa sagesse sait que la vérité est dans le juste équilibre des choses. Aussi, je voudrais vous parler de ce genre d’endroits qui ne rassemble ces dites qualités qu’à un bon niveau, occasionnellement très bon à défaut d’être exceptionnel, lorsque prises individuellement mais dont l’ensemble est justement hors du commun.
Je l’avoue : c’est encore le dénicheur de paradis qui m’a permis de découvrir ce lieu rare, et je vous jure qu’il est bien de chez-nous celui-là. Imaginez-vous en Haute Provence, je veux dire sur le plateau de Valensole à 800m d’altitude. Hors la haute saison estivale, c’est le grand calme. Vous êtes entourés par l’observatoire de Saint-Michel à l’ouest, par celui du mont Chiran à l’ouest, au nord par celui de Puimichel. Il faut aller chercher loin
quelques éclairages artificiels. La côte d’azur est à plus de 100km. L’horizon sud est suffisamment dégagé pour saisir le Centaure par les cornes (ș ; Ț ; ȝ Cen).
Bienvenus au Petit Telle. Le confort en pleine nature.
Il y a les heureux possesseurs d’instruments de salon ; on en connaît tous. Je fais plutôt parti des possesseurs d’instruments migrateurs. Privé de certains voyages au long court auquel il n’a pas pu être convié, mon télescope préféré aime à prendre des vacances en altitude. Mais l’altitude avec son petit équipement rime souvent avec camping à la dure : ça a son charme…mais bon.
Le problème avec le confort c’est de s’en passer quand on y a goûté. Aux ascètes radicaux, je déconseille le Petit Telle car ils risquent d’en revenir un peu changés. Le lieu en question vous permet de bénéficier d’un site d’observation de très bon niveau à quelques mètres du grand confort de la propriété (garage abrité, 220V, radio, etc.). Il ne manquait que le son des cigales à l’ombre des oliviers. Voilà pour l’extérieur.
L’intérieur des deux appartements mis en location est du niveau de ce qui précède : du grand standing. Je ne m’étends pas sur les prestations et renvoie au lien Internet donné en fin d’article; les personnes intéressées peuvent m’envoyer un courriel pour plus d’information. La journée, les possibilités de visites sont nombreuses. Outre les activités à la propriété qui peuvent être variées, il y a toutes proches les gorges du Verdon qui méritent à elles seules le voyage, comme dirait le guide Michelin. Moustiers-Sainte-Marie, Manosque ou une ballade au lac de Sainte-Croix méritent aussi le détour pour se changer les idées entre deux nuits d’observation. On se laisse aussi agréablement surprendre par la qualité des restaurants du coin.
Vos hôtes
Pour les propriétaires du Petit Telle, la communauté des astronomes comme vous et moi est une clientèle recherchée, surtout pendant la basse saison touristique. J’ai donc eu la chance d’y venir en février dernier et pu faire la connaissance de ces provençaux pur jus, très dévoués à rendre notre séjour des plus plaisants.
Le ciel
Sur mon expérience de trois nuits et demie, mon acuité - dans la moyenne sans plus - a enregistré une Mvlon UMi d’environ 6,3 pour une hauteur de 46°. Les plus exigeants d’entre vous regretteront seulement une petite gêne au sud-ouest, un léger halo sur Manosque qui monte à une quinzaine de degrés.
Niveau turbulence, nous sommes sur un plateau. Sur les trois nuits et demie, le seeing est resté bon. Pendant plusieurs heures au cours d’une de ces nuits, il a même été exceptionnel si bien que notre ami Bertrand LAVILLE m’a laissé en plan avec mes cibles du ciel profond pour observer des étoiles doubles serrées en grossissant à près de x1000 au TSC 254 ! Bonne transparence, pollution et turbulence faibles.
Vous voilà donc prévenus !
Quelques souvenirs de vacances pour vous mettre en appétit.
Galaxie naine Leo I (UGC 05470)
Après avoir localisé précisément le champ repéré avec Guide, j’ai tenté de varier les grossissements et les champs apparents pour tenter de voir la galaxie naine. La seule combinaison au C11 qui m’a donné satisfaction est G=100x (champ=40’). C’est le seul G pour lequel je peux dire que j’ai vu quelque chose avec certitude. Il s’agit d’un éclaircissement du fond du ciel confirmé par un balayage est-ouest en prenant soin de laisser Regulus hors du champ. Les conditions étaient (T=1, P=1), hauteur 60°. C’est en relisant le dossier spécial CE n°25 que cette observation prenait toute sa valeur.
Jones Emerson 1 (PK 164+31.1) Lynx
L’objet, encore bien placé au moment de l’observation (altitude > 55°), reste assez faible dans le C11. On se rappellera qu’il a été étudié sous toutes les coutures dans le dossier
spécial CE n°29 (avril 2003). Le grossissement était de 106x (Panoptic 27mm) pour un champ de 39’. L’UHC a été utilisé pour voir la nébuleuse. Les conditions (T=1, P=1, S=1).
Une forme ronde est vue bien qu’assez dissemblable à ce qu’on peut voir sur des images CCD. La magnitude limite (magv) sur le dessin est supérieure à 14,4. L’annularité ou plutôt le renfoncement central de la NP est perçu après quelques minutes d’attention. C’est pourquoi le dessin montre un anneau mais les bords y sont certainement un peu trop nets, notamment dans l’axe longitudinal des écouteurs lorsque l’on compare avec les dessins aux gros diamètres et les photos de l’objet. Mais ce sont les « écouteurs » qui me sont parus impossibles à détacher ce qui semble confirmé par leur faible contraste sur les dessins faits par les collègues du dossier spécial, même avec des diamètres supérieurs.