Pourquoi pense-je que la stratégie de Mme Royal serait une catastrophe pour la gauche ?
D’une part, je n’ai pas du tout été convaincu par sa prestation lors de sa dernière campagne présidentielle qui, je continue à le penser, était imperdable. Certes le PS ne s’est pas vraiment mobilisé pour l’aider, mais reconnaissons qu’elle n’a pas fait grand chose pour le rassembler.
Ses revirements idéologiques constants me poussent à penser que sa démarche est tout sauf appuyée sur des idées et des valeurs. Son souhait d’une alliance privilégié avec le Modem me paraît être un boulevard ouvert au jeune Besancenot et donc une droite au pouvoir pour 25 ans. Et les poses illuminées d’une Jeanne d’Arc branchée sur les fréquences divines ont le don de m’énerver.
Depuis la naissance ce son dernier enfant et les photos “sur lit de clinique” de l’époque dans Paris-Match, cette dame m’est antipathique. On ne peut pas étaler sa vie privée et demander à ce qu’elle soit respectée et j’ai toujours pensé qu’un candidat de gauche devait briller par ses idées et propositions plutôt que par du people. En la matière, ses propositions ont, en moins de deux ans, dit tout et son contraire et manquent donc cruellement de crédibilité.
Déjà lors des investitures présidentielles, elle n’était “passée” que par les votes massifs et plus que suspects quant à leur sincérité, des fédérations les plus pourries (en ce qui concerne leur organisation) du PS. On retrouve les mêmes derrière elle pour ce congrès, ce qui ne peut qu’interroger sur la nature de la “rénovation” du parti qu’elle entend mener.
Son opération essentiellement médiatique, fractionniste avec les comités “Désir d’avenir” me rappelle trop la manière dont Tony Blair, le caniche de GW Bush, a transformé le Labour à un “New Labour”, avec les résultats politiques et sociaux que l’on sait et qui n’ont de gauche que le nom.
Le New Labour, comme “Désir d’avenir” veulent en fait accélérer la mutation du PS en Parti Démocrate US, vers une démocratie du spectacle toujours plus accentuée. Je préfére encore que les socio-démocrates européens, qui font encore référence à un modèle social européen, le restent et, crise aidant, essaient de revenir vers les classes populaires, même si je suis effrayé par l’étendue actuelle de leur dérives socio-libérales et leurs soucis trop purement électoralistes.
Le possible ralliement de F. Hollande à l’issue de sa séparation d’avec B. Delanoé, s’il se fait, rajoutera à la faible crédibilité d’une prétendue rénovation dont elle se prétend porteuse: l’appareil restera appareil, au service exclusif de clans d’élus.
La crise économique actuelle agit comme un révélateur des bluffs idéologique libéraux. Il y a, du moins à mon avis, un fossé entre les valeurs d’une gauche digne de ce nom et celles de droite. L’escamotage idéologique qu’elle propose par son projet d’alliance avec les chrétien-démocrates français sent trop le social-libéralisme poussé à ses extrémités.
Pour toutes ces raison, la motion Royal me semble le pire des choix pour ce congrès de Reims.
- Emmanuel Todd: “Le problème fondamental de la démocratie, c’est que la classe politique refuse de mettre en question le libre-échange, ce qui mène à la baisse des revenus, à la montée des inégalités, bref à une baisse du niveau de vie pour le plus grand nombre. Et désormais à l’insuffisance de la demande, à la crise financière et à la récession. Jusqu’à présent, une démocratie de manipulation a animé, de plus en plus difficilement, un pseudo- débat politique”. Le Point.
- Lu dans Marianne (papier): “Parmi le demi-million de foyers fiscaux les plus riches, ceux dont le revenu fiscal excède 97 000 € par an, 7 076 ne payent pas 1 € au titre de l’impôt sur le revenu…. En moyenne, chacun de ces 7 076 foyers labellisés “zéro impôts” bénéficiait en 2007 d’un revenu de référence de 184 367 €…”
- Panne électrique du Sud-Ouest: une anticipation de ce que nous amènera, comme en Californie, la privatisation ?