Critiquer le SDRIF (Schéma Directeur de la Région Ile-de-France) n’est plus tabou, y compris à gauche. Le Monde publie dans son édition datée d’aujourd’hui un article consacré au fait que Des élus socialistes contestent le schéma d’aménagement de l’Ile-de-France. Je ne reviendrai pas sur ce thème déjà abordé dans deux notes précédentes*, mais pour les abonnés au Monde, je conseille la lecture de cet article. On peut aussi aller visiter le blogue de Gilbert Roger, maire PS de Bondy et à ma connaissance, premier élu PS à avoir publiquement affiché sa position critique vis-à-vis du SDRIF dès le 7 juillet dernier.
Le Monde reviendra-t-il sur la rencontre qui s’est déroulée hier entre l’Association des maires Ville et Banlieue de France et la Ministre du logement et de la Ville, Christine Boutin ? Déjà en février dernier la publication du Manifeste des maires de Ville et Banlieue en pleine campagne présidentielle avait été largement ignorée par les médias. Cette association, qui rassemble des élus de la droite à la gauche, avait pourtant présenté une série d’orientations pour une approche globale et constructive de la question des « villes les plus en difficulté ». Au moment où la « bataille du SDRIF » remet le problème des relations ville-banlieue sur le devant de la scène, l’association est venue mettre la ministre de la Ville et à travers elle le Gouvernement, Président de la République compris, face à leur responsabilité.
Voici le texte du communiqué de presse du 24 juillet 2007:
Une délégation de maires de Ville et Banlieue, conduite par son président, Pierre Bourguignon, député, maire de Sotteville-lès-Rouen et son premier vice-président, Pierre Cardo, député, maire de Chanteloup-les-Vignes a été reçue le 24 juillet par Madame Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville.
Représentant les villes les plus en difficulté de l’hexagone, ils ont rappelé la spécificité de leur situation : communes atteignant ou dépassant les 50% de logements sociaux, taux de chômage dans les quartiers souvent deux fois supérieur à la moyenne nationale, ressources communales très significativement plus faibles que la moyenne des communes.
Alors, ont-ils fait valoir, comment s’étonner que la seule politique de la ville soit incapable de répondre à des enjeux qui la dépassent largement ?
Et ils ont demandé à la fois la sanctuarisation du budget de la politique de la ville rétabli en catastrophe après les émeutes urbaines, et la mobilisation de moyens de droit commun suffisants pour assurer un niveau de services publics et une qualité de vie comparables à la moyenne des villes.
Ils ont appelé à la poursuite de la péréquation des ressources entre communes au-delà de la réforme de la DSU et assuré la ministre de leur détermination sur ce sujet qui ne fait pas l’unanimité.
Ils sont tombés d’accord avec la ministre sur la nécessité d’approfondir le développement des intercommunalités et des solidarités, notamment en Ile-de-France.
Par ailleurs, prenant au mot les déclarations de la ministre qui souhaite que les personnes ne soient pas enfermées dans leur quartier, ils ont réclamé que l’Etat investisse enfin dans la réalisation de transports innovants dans les banlieues en renouvellement urbain, via les conventions ANRU ou un financement spécifique sur les transports en commun.
Et les élus de Ville et Banlieue ont demandé que le Grenelle de l’environnement mis en place par le Medad, n’oublie à cette occasion, ni les villes, ni le renouvellement urbain en banlieue, occasion inespérée de mettre le développement durable au service des populations les plus fragiles. Ils ont souhaité que le ministère de la Ville et du Logement y soit étroitement associé et approuvé la démarche que la ministre va initier dans ce sens.
Au chapitre du logement, la ministre a confirmé sa volonté de mettre en œuvre la loi sur le droit au logement opposable, sans revenir, ni en plus ni en moins, sur l’article 55 de la loi SRU. Pour leur part, les maires de Ville et Banlieue ont rappelé que renouvellement urbain, article 55 et droit au logement opposable ne doivent pas se contredire. Et qu’ils ne laisseraient pas s’aggraver la situation de leurs villes où se trouvent déjà les logements sociaux, les ménages les plus pauvres et les logements disponibles du contingent préfectoral. Enfin, ils ont dénoncé comme une aberration que la loi mette sur le même plan et comptabilise ensemble la construction de PLS, de PLUS et de PLAI**.
Pour approfondir le dialogue et déboucher sur des solutions acceptables par tous, un nouveau rendez-vous avec la ministre a été pris pour la rentrée de septembre.
* Où va le SDRIF, ou la bataille pour le Grand Paris est ouverte 16-07-2007
A quoi sert la Conférence Métropolitaine, ou un absent si présent 09-07-2007