Vignes d'or
Murs de grès rose
Volets ornés de cœurs
Ribeauvillé ; Grand Rue
Une statue me fixe, crachant l'eau de sa bouche millénaire.
Au loin les nuages ont jeté leur voile,
Sur la plaine dorée, vaisseau automnal.
Les arbres se parent de leurs plus coquets bijoux
attendant l'heure fatidique du striptease hivernal.
Agités par une bise légale qui chaparde les dernières verdures d'un été dissout.
Je remonte doucement le chemin du clos
Cherchant à percer cette couronne brumeuse qui dévore la montagne.
Que cachent ces roches à la minéralité si précieuse?
Une forteresse moyenâgeuse, construite par une main humaine révolue,
Les machines les plus perfectionnées de notre ère en rougissent,
Honteuses de ne pouvoir jamais faire mieux.
Chaque pierre blanchie par le temps transpire d'une histoire,
Mêlant abondance, nonchalance et violence,
Témoignage silencieux de ces seigneuries sanglantes,
Dont la noblesse coule encore dans le rubis du pinot noir.
Halte à Bergheim, une auberge bienveillante,
Où les tables en bois, dressées par une hôtesse minutieuse,
Murmurent les mets qui chaque jour servent d'accompagnement
A ce breuvage doré, rosé ou bullé.
Celui là même qui fait la fierté des hommes de cette région qui chante encore,
Les airs oubliés de ménestrels passionnés.