Personne ne sera dépaysé : Hellboy II s'inscrit dans la ligne directe du premier épisode, déroutant produit hybride entre comic à l'américaine (l'influence Mike Mignola) et heroic fantasy sauce onirique (la patte du cinéaste mexicain). Est-ce parce qu'on avance désormais en terrain (partiellement) connu ? Toujours est-il que cette suite surpasse Hellboy sur tous les plans, améliorant chacun des pans de son univers si étrange.
Hellboy II parvient à faire le grand écart entre les différents genres abordés, basculant en une fraction de seconde entre un humour toujours plus percutant - dialogues ciselés, situations cocasses - et une noirceur qui vous enveloppe comme un linceul. Une sorte d'incompréhensible magie s'opère. Del Toro prend son temps, les problématiques sont simples et pas foncièrement neuves, et pourtant quelque chose se produit qui fait du film le divertissement le plus haletant du moment. L'équilibre est si parfait qu'on finit par ne même plus s'agacer que le réalisateur nous ressorte encore et encore les mêmes monstres, cousins de ceux du Labyrinthe de Pan.
Et qu'importe si le bad guy de l'histoire est d'une fadeur sans nom, puisque le diablotin et son équipe sont aussi magnétiques qu'attachants. Une nouvelle fois, Ron Perlman fait des merveilles. Sous cette peau rouge et ces pectoraux saillants, il y a incontestablement un coeur qui bat et une tête qui pense. La simplicité de sa relation avec le personnage de Selma Blair a quelque chose de franchement touchant, preuve que la complexité nuit parfois à l'émotion. De ce déferlement ininterrompu de brillantes scènes d'action, de fous rires partagés, on ne retient finalement qu'une seule chose : il y aura un Hellboy III, qui s'annonce pour le mieux et devrait faire mentir la règle voulant que le deuxième épisode est toujours le meilleur d'une saga.
8/10