Il a raconté cet épisode terrible de sa vie dans un livre autobiographique, Etre sans destin, que je n'ai pas lu.
Mais j'ai une bonne raison d'en parler: Le refus commence justement après le rejet d'Etre sans destin par un éditeur de Budapest en 1970. Ce qui perturbe terriblement l'écrivain.
Tous les matins, il se met à sa table de travail, s'isole des bruits et se pose des questions sur ce manuscrit, mais aussi sur son besoin de l'écrire, sur la culpabilité qu'il éprouve depuis qu'il l'a reçu en retour.
J'ai assez apprécié cette première partie, désespérée et caustique. Moins la deuxième, qui est sous la forme d'un roman. L'idée est la suivante: le narrateur refuse le refus et se remet au travail, achève un autre texte qui raconte l'histoire d'un journaliste.
Celui-ci arrive dans un pays qu'il lui semble connaître parfaitement, bien qu'il lui soit étranger. Il perd son travail et se met à errer dans la ville, cherchant des explications. Très kafkaïen. Trop, même. Pas assez dégagé de l'influence du maître.
Mais on comprend mieux la faiblesse de cette deuxième partie quand on apprend qu'elle est en fait un roman de jeunesse exhumé par Kertész et collé à la première partie. C'est du moins ce que révèle Le Matricule des anges.
Imre Kertész, Le refus, Babel