A quelques jours de l’ouverture du Congrès de Reims, annoncé comme un moment-clé dans la refondation du Parti Socialiste, un bilan de l’image du PS auprès du grand public s’impose. Leaders, opposition, proximité avec les citoyens, les Français font indéniablement preuve de scepticisme à l’égard d’un parti qui n’arrive pas à reprendre les rênes du pouvoir depuis 2002 et la défaite de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle.
Une image fortement écornée
Comme le montre le baromètre TNS Sofres pour le Figaro Magazine, le Parti Socialiste ne jouit pas actuellement d’une cote de popularité très élevée : 40% des personnes interrogées affirment avoir une bonne opinion du Parti Socialiste et 44% en ont une mauvaise. Certes, ce score se situe au-dessus de celui recueilli par l’UMP (33% d’opinions favorables), mais il est largement en-dessous des mesures enregistrées à la fin des années 90, quand il était au pouvoir et bénéficiait majoritairement de la confiance des Français.
Une étude réalisée par l’Ifop en aout 2008 permet de comprendre plus précisément les raisons du désamour du grand public à l’égard du PS. Les traits d’image que les Français lui associent soulignent les difficultés que le Parti affronte aujourd’hui pour convaincre les électeurs de sa capacité à comprendre leurs problèmes et les faire entendre : aux yeux des personnes interrogées, le PS n’a pas de projet pour la France (pour 67% d’entre eux), n’a pas des dirigeants de qualité (66%), est éloigné des préoccupations des Français (55%) et, pour une courte majorité, ne s’oppose pas assez au gouvernement (52%).
Des sympathisants convaincus uniquement par la proximité du parti
Mais le divorce ne s’arrête malheureusement pas là pour la formation dirigée par François Hollande. Le jugement des sympathisants socialistes sur les différentes caractéristiques du Parti qu’ils soutiennent les montre désabusés à l’approche du Congrès de Reims : une minorité d’entre eux estime que le PS s’oppose suffisamment au gouvernement (46%) et qu’il a un projet pour la France (48%). La proportion de sympathisants jugeant que leur parti a des dirigeants de qualité dépasse à peine un sur deux (55%). En revanche d’après eux, le PS est toujours proche des préoccupations des Français (76%).
A ces jugements peu favorables au Parti Socialiste s’ajoute un manque de clarté de la stratégie politique. Tiraillé entre le succès politique de François Bayrou à l’élection présidentielle de 2007 et des six millions de voix qu’il représente et une histoire politique qui le tire vers l’union de la gauche, le parti de la rue de Solférino ne sait pas vraiment où aller aujourd’hui. Et les Français manquent pour leur part de lisibilité sur la logique politique : le PS doit-il s’allier au Modem, comme le pensent 41% des Français et 38% des sympathisants socialistes, ou aux partis de gauche (PC, PRG, Verts), ce que souhaitent 30% des Français et 45% des sympathisants ? A vrai dire, sans projet clairement identifié, il est difficile de savoir ce qu’il est préférable de faire.
Des dirigeants qui peinent à séduire
Le Congrès de Reims sera l’occasion pour les militants de donner la direction à suivre au Parti, mais il sera également l’occasion de choisir le successeur de François Hollande au poste de Premier Secrétaire. Ce futur responsable aura la lourde tâche de mener le PS jusqu’à l’élection présidentielle de 2012. Mais aujourd’hui, les cadres du parti peinent à séduire les Français qui émettent des jugements sévères à leur égard.
Le sondage CSA pour Le Parisien / Aujourd’hui en France sur les dirigeants socialistes permet d’en savoir plus sur l’opinion des Français à l’égard de chacun d’entre eux. La majorité des personnes interrogées soulignent notamment le manque de proximité des cadres socialistes testés : Aubry (45% des interviewés la jugent à l’écoute des Français), Delanoë (48%), Royal (46%) et Strauss-Kahn (36%). Mais Bertrand Delanoë qui séduit le plus les répondants sur les autres critères proposés semble aujourd’hui le plus à même de redonner confiance aux Français dans le Parti Socialiste, grâce à sa compétence (73%), son côté sympathique (71%) et sa capacité à incarner l’avenir (61%). A l’inverse, le divorce semble acté entre les personnes interrogées et Ségolène Royal, notamment sur la question de la compétence (seuls 40% de jugements positifs).