L'article de DSK publié ce week end dans la presse Française nous éclairera sans doute mieux que nombre de lamentations d'anciens dirigeants socialistes . Les sondages eux mêmes laissent entendre qu'il serrait avec plus de 36% d'intentions favorables le mieux placé des futurs présidentiables du PS pour 2012. (avec plus de 10 points devant Delanoé) L'article joint montre à l'évidence l'analyse claire et précise du DG du FMI. Son analyse appelle cependant quelques remarques tant sur le fond que sur la forme. 1/ Qui peut croire qu'une fois cette crise réglée, car elle le sera inévitablement sans doute dans 4 ou 5 ans comme le sous entend DSK lui même, que le monde financier puisse accepter un organe de régulation? Qui peut croire que ce mandat puisse être confié au seul FMI ? Qui peut croire que les USA créateur de l'ONU et donc de tous ses dérivés puissent demain, alors qu'ils remettent en cause le fonctionnement l'ONU lui même , puissent donc accepter le contrôle de leur économie? En conséquences toutes ces recommandations ressemblent plus à des incantations pieuses! Il s'agit certainement de demandes de bon sens, mais qui a l'autorité pour les imposer? Personne à ce jour et sans doute personne demain! La réponse à cette question conditionne l'avenir des recommandations de DSK qui le sait malheureusement. 2/ l'autre point beaucoup plus inquiétant concerne le montant calculé par les services du FMI , montants immédiatement repris par l'exécutif des USA à savoir 1000 milliards de dollars. Ce montant ne semble pas correspondre aux chiffres fournis par d'autres sources financières qui elles annonceraient près de 5000 milliards de dollars. Sur ce point où est la vérité? Ne retenir que ce montant ferait porter demain une lourde responsabilité au DG du FMI s'il s'avérait que la réalité était encore pire que les prévisions. Par ailleurs en ne retenant que les montants indiqués par le FMI qui même catastrophiques ne représentent en somme que le montant des fonds souverains de la CHINE. il est envisageable que l'économie mondiale ne puisse être durablement freinée par cette catastrophe localisée car américaine. L'avenir seul indiquera quel était le véritable montant de cette catastrophe bancaire des banques d'affaires des USA. "DSK: "Mon plan pour l'économie mondiale"
Propos recueillis par Claude ASKOLOVITCH, à Washington
Le Journal du Dimanche >> Pendant que ses amis politiques se déchirent en France, Dominique Strauss-Kahn est totalement absorbé par sa fonction de directeur général du Fonds monétaire international. Qui plus est alors que le système financier américain est ébranlé par une grave crise. L'occasion pour DSK de livrer son diagnostic et de proposer les services du FMI comme régulateur du système.
Dominique Strauss-Kahn prône la régulation de la finance internationale. (Reuters)Dominique Strauss-Kahn prône la régulation de la finance internationale. (Reuters) Sur le même sujet * Sondage: DSK en pole pour 2012 * La grâce de l'exilé
Est-ce que la peur est le pire ennemi de l'économie, comme le dit Nicolas Sarkozy? Le plus grand danger, c'est qu'on oublie la peur. Le risque, quand la crise financière sera maîtrisée, c'est qu'on revienne aux vieilles habitudes. Pour l'instant, on éteint l'incendie. C'est ce qu'il faut faire dans l'immédiat, et c'est ce que font les autorités américaines. Mais après, nous devrons tirer les conséquences de ce qui vient d'arriver: donc réglementer très précisément les institutions et les marchés financiers. C'est parce qu'il n'y avait ni règle, ni contrôle -ou pas assez de règles et de contrôles- que cette crise est née.
Comment avez-vous vécu cette crise? A un moment, avez-vous vu l'économie mondiale s'écrouler?
La dramatisation est trompeuse. Cela fait des mois que je savais à quel point le système financier était fragile. En avril dernier, le FMI avait publié ses conclusions sur la crise financière américaine. Le jour où j'ai reçu le rapport de mes services, j'ai été impressionné: nous estimions les pertes à 1000 milliards de dollars... mais seulement 200 avaient déjà été enregistrés. Donc il y avait encore 800 milliards de pertes à venir... Et nous étions un peu en dessous de la réalité!
Qu'avez vous fait à l'époque?
J'ai publié ces chiffres. Le FMI a joué son rôle. Nous avons dit que la crise financière provoquerait un ralentissement sensible de la croissance mondiale. Mais on n'a pas voulu nous entendre. On nous a reproché notre pessimisme. D'habitude, les prévisions du FMI sont des références. Là, le ralentissement net de la croissance était plus dur a accepter.
Auriez-vous dû crier plus fort? On peut toujours se reprocher de ne pas avoir fait assez de bruit. Mais tout gouvernement a toujours tendance à refuser les obstacles, tant qu'il n'a pas le nez dessus. J'ai été ministre, je connais cela!
Nos gouvernements doivent préparer les populations à la récession? Il y a un ralentissement sérieux et durable de la croissance mondiale. Ça va être difficile pour l'Europe et parfois plus dur encore dans certains pays pauvres, surtout ceux qui sont directement frappes par "l'autre crise", celle de prix des matières premières. Mais l'économie réelle ne s'effondre pas. Les monnaies ne basculent pas. Les banques centrales parviennent à gérer la crise financière.
Et ça peut tenir indéfiniment? Non. C'est pour cela qu'il faut réformer. Jusqu'ici, on a résolu les problèmes à mesure qu'ils se présentaient. Maintenant, il faut les attaquer globalement. Ce sont les 700 milliards de dollars du plan Paulson. Ce plan est bienvenu, parce qu'il est global. Mais il doit être le premier acte d'une action politique internationale.
Mais les contribuables américains ne veulent pas payer pour les erreurs des financiers...
C'est compréhensible. En Europe, nous avons aussi eu ce débat sur la "socialisation des pertes et la privatisation des profits"... Les politiques injectent de l'argent public pour éviter que tout l'édifice financier s'écroule parce que c'est la stabilité de nos économies qui en depend. Mais ensuite, il faut réformer. Sinon, s'imposera l'idée du puits sans fond, de l'Etat qui vole au secours des managers incompétents et des spéculateurs cupides.
Donc il faut une réponse politique, pas seulement technique.
En l'occurrence, il n'y a pas de réponse financière qui ne soit politique. Mais s'il n'y a qu'un discours politique, c'est de l'incantation. Aujourd'hui, on admet que la crise vient de l'absence de régulation par la puissance publique. Le marché ne se suffit pas à lui-même. Le marché ne soigne pas le marché...
Nicolas Sarkozy parle de la fin "d'un capitalisme financier" qui avait "perverti" l'économie... Cela montre le niveau de l'inquiétude générale. C'est la fin d'une période où l'on a cru que le marché suffisait à réguler l'activité financière. Cela n'a jamais été mon cas.
Avez-vous été choqué ces dernières années? Trop souvent! Le système n'avait plus de sens. Pour maximiser leurs gains, des acteurs de la finance prenaient des risques inconsidérés. On multipliait des produits dont on ne maîtrisait pas les dangers; on avançait à l'aveugle, dans des transactions opaques... Aujourd'hui les tycoons de la finance reconnaissent en privé qu'ils ont été trop gourmands! Ça montre que la question des rémunérations n'est pas marginale: contrôlons les gains des financiers, on contrôlera aussi la finance. Mais ce n'est pas une question morale mais idéologique.
Idéologique? L'idéologie dominante prônait la régulation des marchés par le seul marché. Les régulateurs -comme moi, si vous permettez- étaient minoritaires. Je pense que c'est terminé. L'idéologie de l'autorégulation est pulverisée par les faits. Les Etats, les puissances publiques reviennent. Partout. Pour sauver le système financier, on en vient à des solutions qui rappellent les nationalisations temporaires que je prônais en France, sous les lazzis: c'était du colbertisme! C'est devenu du simple bon sens.
Le social-démocrate exilé au FMI est devenu hégémonique...
Il n'y a aucun débat partisan ici. Des progressistes comme Lula ou Zapatero, mais aussi Nicolas Sarkozy, et les Chinois, et -vous verrez- les Américains, réclament ou réclameront une régulation.
Et qui va mener cette réforme?
Le Fonds monétaire international peut le faire. Les gouvernements de la planète, tous les gouvernements, pas seulement ceux des pays riches, ont intérêt a se servir du FMI pour cela. Nous avons été créés en 1944 comme une sorte de service public mondial. Nous sommes les gardiens d'un bien public global: la stabilité financière, au service de l'économie. En 1944, ce qui menaçait, c'était l'anarchie monétaire. Aujourd'hui, il faut faire face, en plus, à l'anarchie financière: l'opacité, la cupidité, l'irresponsabilité d'un système qui s'est developpé sans rapport avec l'économie réelle... La finance doit être contrôlée. Nous sommes prêts à le faire si on nous en donne le mandat. Nous sommes dans notre rôle, et je le revendique.
Le FMI sera un gardien mondial des finances mondiales?
Il doit être le lieu de la discussion d'abord, de la décision ensuite. Sur l'analyse de la crise comme sur les normes qu'il faut adopter. On connaît les pistes: transparence des transactions et de l'évaluation des actifs; contrôle des rémunérations; évaluation des risques, notamment pour les fonds d'investissement. De même les agences de notation doivent être supervisées. C'est un devoir pour les puissances publiques de définir, au niveau international, des rêgles universelles de fonctionnement des marchés financiers...
Une seule règle, un seul règlement? La même loi à Londres, à Tokyo, à New York? Chaque pays votera ses propres lois. C'est le minimum indispensable de la légitimité démocratique! Mais les règles générales devront être universelles, parce que le système financier est globalisé...
Et qui fera appliquer ces rêgles? Le FMI?
La décision, entre les Etats, doit reposer sur le consensus. On peut avoir des autorités nationales ou régionales (comme l'Union Européenne, par exemple), mais il faut un garant global. Une institution qui vérifie que les normes -transparence, équité- sont appliquées partout. Le président brésilien Lula et les premiers ministres anglais et espagnols Brown et Zapatero, le ministre des finances allemand Steinbruck, viennent de souligner la nécessité d'un organisme international pour superviser les systèmes financiers. Cette idée va s'imposer.
C'est le "Bretton Woods" que réclame la France? C'est un beau titre! A Bretton Woods, en 1944, on a traité de la guerre des monnaies. Maintenant, on doit imposer l'ordre public aux banques et aux marchés financiers. Parce que nous rassemblons tous les pays, nous sommes capables de définir et de garantir le compromis et l'intérêt général. C'est ce dont le monde a le plus besoin. Longtemps, la Chine et les Etats-Unis ont refusé d'être soumis à nos missions d'évaluation de la stabilité financière. Cette année, ils viennent d'accepter! C'est un signe.
Vous êtes préoccupés par la situation française?
Comme citoyen, la France ne me quitte pas. Mais le Directeur du FMI, par tradition, ne s'exprime pas sur la situation économique de son pays. Les Etats-Unis sont passés du laisser-aller à l'interventionnisme en quelques jours.
Les Européens seraient-ils capables de réagir aussi vite en cas de crise majeure?
Aujourd'hui, non, faute d'un gouvernement économique européen. Les Etats-Unis sont un pays. L'Europe est une construction.
Les Etats-Unis sont un pays qui n'est pas tenu par des normes budgétaires. L'Europe doit-elle assouplir ses règles, renoncer à ce que Nicolas Sarkozy qualifie de "religion"?
L'Europe a besoin de politique, de décision, de rapidité... Mais elle n'a pas besoin de désordre! S'abstraire de ses propres règles, alors qu'on a décidé de réguler le système financier international, ça serait curieux. S'il faut ajouter à l'anarchie financière le laisser-aller budgétaire, on jouera à l'envers. On ne va pas ajouter de l'endettement à l'endettement! "