"Le Livret A au secours des banques et des PME
© France 2"François Fillon veut utiliser une partie des fonds du livret A pour dégripper le secteur bancaire. L’objectif est d’éviter un resserrement de l’offre du crédit, qui pourrait être fatal à nombre d'entreprises.
DOSSIER La France dans la crise- Le Livret A au secours des banques et des PME
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Avec le krach boursier, le livret A a la cote. L’encours des fonds déposés sur ce produit d’épargne sécurisé s’élevait à 128,1 milliards d’euros fin juillet. Soit une hausse de 9,8% sur un an. Le Livret A joue d’autant plus un rôle de valeur refuge qu’il a vu son taux de rémunération valorisé à 4%, en août. « Nous avons un surplus de 20 ou 30 milliards », a estimé mercredi Augustin de Romanet, directeur de la Caisse des dépôts et consignations.
Par les temps qui courent, cette cagnotte est précieuse. Le gouvernement souhaite l’utiliser pour soulager le problème de liquidités des banques. L’objectif, réaffirmé par Nicolas Sarkozy jeudi dernier, est de leur permettre de continuer à financer les entreprises. Car le problème, crucial, posé par la crise financière, est d’empêcher un resserrement de l’offre du crédit. Nombre de PME n’y survivraient pas.
D’après le ministère de l’économie, le « surplus » du livret A dépasse les besoins de financement du logement social, sa vocation usuelle. Bercy étudie donc la possibilité d’investir une partie de son encours dans des emprunts, à l’instar des certificats de dépôts, qui seraient émis par les banques pour une durée illimitée. Elles bénéficieraient ainsi de ressources stables à moyen terme, qui leur permettraient de continuer à financer l’économie.
Selon Augustin de Romanet, ce mécanisme présente « zéro risque sur le livret A ». « Ce qu’a proposé François Fillon ne remet aucunement en cause le fait que le livret A demeure 100% garanti pour les déposants », a-t-il assuré sur BFM. Parmi les premiers à réagir, FO ne l’entend pas de cette oreille. L’utilisation des excédents s’apparente à un « détournement de fonds », a protesté le syndicat, estimant que « les économies des Français ne devaient pas devenir l’assurance tout risque du libéralisme financier ».
En attendant, le resserrement de l’offre du crédit devient réalité. Pour prêter de l’argent, une banque a régulièrement besoin de se refinancer sur le marché interbancaire. Or sur ces marchés, les taux ne cessent de grimper depuis le début de la crise des « subprime ». Preuve que les banques, qui doutent de la qualité des actifs détenus par leurs concurrentes, ne se font plus confiance. Ainsi, mardi, L’Euribor a trois mois, le taux de référence du marché de la zone euro, est monté à 5,291%, contre 5,277% la veille. « Depuis deux ou trois semaines, on a des témoignages d’une restriction brutale », rapporte Karine Berger, directrice des études de Euler Hermes. « De plus en plus d’entreprises nous disent qu’on leur a refusé un crédit, sans d’ailleurs que ce soit lié à la taille. De grands groupes sont aussi frappés », observe-t-elle.
Cette crise du crédit pose problème dès lors que les entreprises, par ailleurs, ont vu leurs marges comprimées par l’envolée des cours des matières premières. Nombre d’entre elles arrivent à cour de trésorerie, au risque de mettre la clé sous la porte. « Les entreprises manquent de fonds propres, et elles vont en manquer encore plus dans les mois qui viennent », s’est alarmé le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), mercredi. Mais le problème est aussi que faute d’obtenir des prêts, les entreprises renoncent à investir. Or, « pas d’investissement aujourd’hui, pas de compétitivité demain », a averti Yvon Jacob. "