-Merci à toi, Nicolas. Avec ton score de 53%, mon Nicoco, tu m'auras permis de me souvenir que la vraie France vraie ne se tire pas sur la nouille à longueur d'éditoriaux sur Internet, lus par une poignée de connectés. La bataille a lieu tous les soirs à 20 h. 00 dans le journal de TF1 ou celui de France 2, source d'information de l'immense majorité de mes concitoyens qui s'informent.
Merci aussi d'avoir été fâché, pas content, de droite et assumé, parce qu'il y a de quoi : voilà quand même près de 20 ans que le Parti Socialiste fait campagne avec ton programme, il était temps que cela cesse et que tu récupères tes billes.
-Merci à toi Ségolène. Merci de nous avoir montré que, dans tous les médias, la cause de la femme a encore de beaux jours devant elle. On croyait avoir fait un petit bout de chemin. On est loin du compte. La presse aura beaucoup parlé de ta coiffure, de tes toilettes, de ta fraîcheur virginale, de tes bourdes (ah... les femmes!). Il est vrai que tu n'avais pas de programme et qu'il fallait bien parler de quelque chose, mais je suis certain que, quand bien même tu en aurais eu un, Christophe Hondelatte, sur RTL, t'aurait tout de même demandé si, le soir du débat, tu t'étais coiffée comme Cécilia pour déstabiliser ton adversaire (ah... les femmes!),
-Merci à toi, Claude. Avec ces images inoubliables de ta sortie, par une porte dérobée, du siège de l'UMP, à deux jours du 2e tour. Tu nous as permis de nous souvenir que, décidément, la "gauche", c'est mieux que la droite, c'est plus droit, plus noble, sans compromission et que ça peut vraiment donner des leçons.
Tu nous auras aussi permis, avec d'autres, qui font depuis deux jours le siège du nouveau QG de notre futur président, de nous dire qu'au fond, la défaite de Ségolène n'est pas si grave. On va avoir les mêmes pour le même prix.
-Merci à toi Dominique. Toi qui considères depuis si longtemps que la gauche fait fausse route en voulant être ne serait-ce qu'un peu de gauche.
Grâce à toi, à tes clins d'oeils appuyés envers notre cher François, bien secondé par Dany et par Ségo, tu m'auras, au moins à moi, permis de mesurer l'écart abyssal qui existe entre les mots et les actes de cette "gauche" française.
Alors comme j'ai bien appris, grâce à vous, je voudrais à mon tour vous rendre la politesse.
A toi, Nicolas, tout d'abord. Pour te dire que nous avons bien compris que c'est la bataille des idées que nous avons perdue. Parce que les tiennes sont matraquées sur tous les zincs de France car entendues la veille sur les chaînes hertziennes et qu'on a du pain sur la planche.
A toi, Ségolène, pour nous avoir montré qu'être une femme ne suffit pas en effet, encore faut-il avoir des idées, un programme, une véritable alternative à proposer. Ce soir, j'ai tendance à penser qu'Olivier Besancenot ou Marie-Georges Buffet sont des alternatives plus crédibles que toi à la politique de Nicolas Sarkozy. C'est dire.
A toi, Claude, pour m'avoir confirmé tout le bien que je pense de ces racailles toujours prêtes à voler au secours de la victoire, qui, entre le déshonneur et la défaite, choisissent le déshonneur et connaissent la défaite quand même. Oh, pas celle de tes idées. Il faudrait déjà que tu en aies.
Et à toi, Dominique, qui m'a fait comprendre toute l'inutilité qu'il pourrait y avoir à s'allier au centre pour former un nouveau parti de droite.
Parce que Dominique, Claude, Ségolène et Nicolas, entre nous, on a déjà bien assez d'une droite. C'est pas pour en avoir une deuxième. Le 6 mai, les Français ont préféré l'original à la copie.
Mais je m'en voudrais d'oublier les médias : journaux, magazines, maisons d'édition.
Je suis heureux de vivre dans un pays où un livre évoquant la vie privée d'un candidat-ministre part au pilon et où celui évoquant la vie privée d'une candidate malheureuse est publié deux jours après son échec (pas avant, quand même, on ne sait jamais - ah... les femmes!).
Je suis content de constater que la presse fait correctement son travail. Que les journalistes auront posé des questions de fond durant toute la campagne.
Quel bonheur, par exemple, de lire, dans un éditorial de FOG, en date du 12 avril évoquant le décompte du temps de parole, à quel point ce système provoque un nivellement par le bas :
Après avoir tourné autour de grands sujets (...) on va finir par évoquer le sexe des anges et les crottes de chien. Cette baisse de niveau a coïncidé avec le début de la campagne officielle et ses règlements abracadabrantesques qui donnent aux douze mirontons le même temps de parole. Beaucoup d'entre eux n'ont pas leur place dans ce scrutin. Ils ne sont là que par hasard, à cause des faiblesses du système de sélection.
Je cite FOG, car le Point est le seul magazine d'information que je trouve régulièrement dans les poubelles de mon immeuble. Mais il trahit bien la tendance générale, celle de ces patrons de presse, éditorialistes, rédacteurs en chef, qui considèrent qu'ils ont le droit et le devoir de décider ce qui doit nous passionner, de quoi nous devons débattre et qui est légitime pour en parler.
Car en fait, à y regarder de plus près, finalement, quand on y pense, la démocratie, c'est pas si bien que ça.