Je te veux tout à moi, mon beau pays rêvé.
Je n’y verrai pas la pluie. Je me foutrai d’être imposable. Je réglerai, rubis sur l’ongle, et sans jamais me plaindre, l’assurance de ma voiture. Je trouverai que le prix des consommations a vraiment augmenté ces dernières années, mais uniquement en compagnie, pour faire couleur locale, car les râleurs de comptoir font toujours couleur locale, quelle que soit la couleur et quel que soit le local. Je ferai de vous, mes chérubins, de vrais enfants d’ici, et vous ne pourrez pas vous empêcher de dire que votre père est français, ce qui fera, naturellement, son petit effet. Je n’y vivrai que pour le soleil, qu’il soit là ou pas, pour ces petits-déjeuners copieux, cette langue admirable, ces filles légères au visage si particulier, je ferai même mine de me souvenir, avec les grands garçons de mon âge et beaucoup d’émotion, des Saturday night fucks, quand je taquinais, quant à moi, le boudin des boîtes de nuit, ce qui est la même chose, mais en tellement moins bien. Chaque jour serait exotique et pourtant je me sentirai chez moi. Un jour, j’irai vivre en Angleterre.