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En rêve ou presque

Publié le 12 avril 2008 par Chez
La lumière du mois de juin décline doucement par le vélux de ton grenier. Ca sent les jouets d'enfants et les peluches, les matelas affaissés couchés sur des sommiers branlants. Un assemblage disparate de vieilleries, un vieux Monopoly dont les billets sont froissés, pour ceux qui n'ont pas déserté la boîte pour te permettre de jouer à marchande avec ta soeur, il y a quelques années de cela.
C'est là aussi que tu as installé ta chaîne stéréo, ancienne, massive, comme soviétique, un peu déréglée, gros boutons, potentiomètres chromés, patinés et pétris par les doigts qui les ont bien souvent actionnés.
Tu n'as pas beaucoup de disques, Christelle, pas beaucoup, mais il n'est pas besoin d'en avoir beaucoup, comme il n'est pas nécessaire d'avoir tout lu.
On est bien. Vraiment bien. A la fenêtre. Tu as ramassé un chouchou noir qui traînait et tu te fais une queue de cheval, tirant tes cheveux châtains. Tu es derrière moi et tu poses ton menton sur mon épaule. Bientôt tu viens mettre tes bras autour de moi.
- Je peux te poser une question? fais-tu les yeux perdus dans le vide, comme si la question n'avait pas d'importance.
- Bien sûr.
- Est-ce que tu bandes ?
Et tu me lâches et pars d'un grand éclat de rire devant ma mine interdite et le rouge qui m'est monté au front. il est vrai que je suis puceau. Et tu ne devrais pas te moquer. Car à t'en croire, toi aussi.
Tu prends une cigarette que tu allumes négligemment, accroupie devant la - toute petite - pile de disques et je sais ce que tu vas mettre. Parce que tu le mets souvent quand on est bien et qu'il fait soleil : Ricky Lee Jones. (et je le sais aussi parce que tu ne vas pas mettre le Brahms)
La caisse claire frappe, les guitares s'entremêlent et la voix de bébé retentit dans la pièce :
How come he don't come and p.l.p. with me
Down at the meter no more?

Et c'est comme si on était au zinc d'un bar, grands et heureux comme des adultes, que l'enfance et tout ça, ça se soit bien fini, qu'on sache vraiment ce que c'est que l'amour et qu'on ait enfin les mains libres pour être les formidables nous que nous sommes.

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