Résumé: Après avoir éliminé le Chiffre, James Bond est bien décidé à remonter toute la filière de la mystérieuse organisation dont celui-ci faisait partie, et à venger la mort de Vesper. Son enquête le met rapidement sur les traces de Dominic Greene, un business man impitoyable, membre de l’organisation Quantum. Mais la quête de vengeance de Bond va très vite déraper et le mettre au ban du MI6.
Difficile tâche pour ce 22e James Bond que de passer après l’excellent reboot que nous avait offert Casino Royale il y a deux ans de ça. Les premiers commentaires tombent et évidemment, on sent des dissensions au sein des spectateurs et de la critique, certains étant déçus par le film. Pourtant, même si Quantum of Solace comporte quelques défauts l’empêchant d’atteindre le niveau de Casino Royale, il s’agit d’un très bon film d’action et d’un des meilleurs films de la saga de l’espion légendaire.
Suite directe du précédent film (une nouveauté dans la série), Quantum of Solace reprend exactement là ou celui-ci s’était arrêté : Bond a capturé Mr White, et s’apprête à le livrer à M pour interrogatoire. Fidèle à la tradition de la série, le film s’ouvre donc sur une scène d’action, ici une impressionnante poursuite en voiture en Italie, alors que Bond tente d’échapper aux membres de l’organisation Quantum qui veulent récupérer Mr White. La réalisation est nerveuse et un peu chaotique parfois, mais la poursuite se suit à peu près correctement. Passée cette entrée en matière musclée, le film lance son nouveau générique et sa première déception : la chanson Another Way to die d’Alicia Keys et Jack White est loin d’être convaincante, même si on ne descend pas au niveau de la pitoyable Die another Day de Madonna. La musique est sympa, mais les deux chanteurs peinent à s’imposer, là ou Chris Cornell faisait des merveilles sur You know my Name. Mais passons, car ce n’est finalement qu’un détail, la bande originale composée par David Arnold étant elle particulièrement bonne.
Le moins qu’on puisse dire de Quantum of Solace, c’est qu’il va vite, très vite. A peine remis de la poursuite du prologue, on enchaine sur une seconde poursuite, à pieds cette fois, lorsque Bond court après un traitre ayant failli éliminer M lors de l’interrogatoire de Mr White. Une poursuite qui ressemble un peu trop à celle dans les rues de Tanger de La Vengeance dans la Peau, mais suffisamment bien emballée pour tenir le spectateur en haleine. Mais le problème majeur de ce Bond c’est réellement la rapidité avec laquelle les événements s’enchainent. On a à peine le temps de digérer une information que Bond est déjà reparti à l’autre bout du monde pour poursuivre sa quête. Le film aurait peut-être gagné à se poser un peu plus, en étant plus long de 10-15 minutes pour laisser souffler le spectateur et présenter un chouia plus les personnages secondaires. Olga Kurylenko est par exemple tout à fait crédible et attachante en James Bond girl, mais la façon dont son personnage disparaît en milieu de film pour soudainement réapparaitre est un peu déstabilisante.
Mais mis à part ces quelques griefs, il faut avouer que ce 22e Bond est un très bon cru. Certaines personnes lui reprochent d’être trop sombre, mais à vrai dire c’est justement ce qui fait son intérêt, surtout que les touches d’humour sont bien présentes, mais parcimonieusement apposées. On est plus proche du style Sean Connery que du style Roger Moore en ce sens. De même, on entend pas mal la critique du « ça ne ressemble pas à du James Bond », ce qui à mon avis est totalement faux. Au contraire, Quantum of Solace est beaucoup plus proche d’un James Bond traditionnel que ne l’était Casino Royale, même si les scénaristes font des citations moins évidentes. Le film tente (et parvient souvent) de marier tradition et nouveauté pour faire plaisir aux anciens et nouveaux fans, tout en jouant avec les attentes. On retrouve donc bien la super voiture que James Bond détruit, mais dans le prologue du film. Pas de gadgets, mais une James Bond girl assassinée à la façon de Goldfinger, en remplaçant l’or par le pétrole (dommage que ce clin d’œil casse un peu le côté réaliste du film). De nombreux décors et endroits exotiques, les indics de l’espion qui se font tous éliminer, le retour de Felix Leiter qui se mouille pour Bond, un Bond exclu du MI6 comme dans Permis de tuer, un hôtel au milieu du désert pour l’affrontement final qui fait furieusement penser à une de ces bases secrètes dont les vilains ont le secret, un Matthieu Amalric charismatique et effrayant en diable dans le rôle de Greene… Mais en même temps, le plan du méchant est crédible et colle à l’actualité (contrôler les réserves d’eau mondiales) et Bond est une fois de plus présenté sous un jour humain. Transformé en véritable machine à tuer suite à la perte de Vesper, l’agent n’écoute que lui et tente d’étouffer sa douleur en se jetant à corps perdu dans sa mission. Et s’il parait totalement dénué de sentiments, Forster a l’intelligence de nous faire comprendre que ce n’est pas le cas, par petites touches subtiles. Il suffit d’un simple dialogue entre Bond et Rene Mathis sur le fait que le premier n’arrive pas à dormir pour comprendre toute la souffrance de l’agent. Le scenario est en ce sens bien plus subtil que ceux de la plupart des blockbusters américains, évitant les grandes démonstrations larmoyantes (pas besoin de voir Bond pleurer pour comprendre qu’il souffre). La relation Bond-M est elle aussi fort bien développée, celle-ci se comportant presque en mère avec son agent, et permet de grands moments entre un Daniel Craig toujours aussi habité et crédible, et une Judi Dench impériale comme à son habitude.
S’il n’est pas parfait, Quantum of Solace est donc un très bon cru, entre tradition et nouveauté, qui pose un jalon de plus dans la reconstruction du personnage, désormais en paix avec lui-même et prêt à accomplir une mission certainement plus « classique » lors du prochain film.
Note : 8/10