Mais le plus surprenant, aujourd'hui, à mes yeux, c'est l'enthousiasme avec laquelle nombreux sont ceux qui - et dans la blogosphère en particulier - se sentent tous émoustillés par l'obamania ambiante. Alors qu'il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser : Obama est pour la peine de mort, défend le commerce libre des armes, inspire le New-York Times et BHL ; il a Sarkozy pour modèle et fait rêver Wall Street ; pire, il a trouvé le moyen de faire fantasmer le PS !... D'autres racontent même, sans rire, qu'il est "un homme de gauche, notamment par ses ambitions redistributrices sur le plan social" alors qu'il ne fera, somme toute, qu'à s'employer à renforcer le capitalisme en crise pour rassurer les puissants. Alors qu'il sera, à l'instar de ces prédécesseurs - Clinton, notamment, qui a privatisé les services sociaux à tour de bras - un président des Etats-Unis soucieux de défendre résolument les profits du capital américain dans son pays comme dans le reste du monde - quitte à faire des guerres dans cette perspective, quitte à rendre le monde un peu plus pourri.
Imaginer le contraire, c'est le degré zéro de la politique... Comme en 1981 en France, demain soir aux Etats-Unis, la fête sera pathétique.
Je vous livre ici quelques articles qui ont le mérite de remettre Obama à sa place : du côté de ceux dont les partisans d'un monde meilleur n'ont strictement rien à attendre :
- "Le principal conseiller d’Obama est un faucon anti-Iran" dans Bakchich. Ou encore "Obama et le fric : tout simplement obscène"
- (en anglais)"The Bush-Obama-McCain Administration" dans Information Clearing House
- (en anglais) "Behind the Shiny New Politics Lies the Same Old Political Sludge" et "Three Candidates, but Not One Speaks for Working People" (Mai 2008, traduite en français) dans la revue Class Struggle Magazine.
- Pour l'historien Emmanuel Todd, l'élection de Barack Obama "redonnera quelques années de vie supplémentaires à l'empire".
- (en anglais) "Is Obama really a radical at heart?". La réponse du Socialist Worker : pas du tout, c'est, horreur, "un centriste"...
- "Barack Obama, ce "réactionnaire"" : Va-t-en-guerre, soumis à Wall Street, piètre défenseur des libertés publiques, le candidat démocrate foule au pied les principes chers à la gauche.
- "Quand Barack Obama vire à Droite" dans Le Mague
- Enfin, "Au-delà de l’élection de novembre: les présidents changent, l’empire américain demeure" Dans Le Monde Diplomatique