Bienvenu chez les Slurps, les gens
Vous avez déjà fait des œufs pochés? Voilà bien un truc de ouf. Un truc qui te laisse entrevoir qu’il existe des choses dedans le Cosmos que l’entendement humain peine encore à capter. Le blanc, qui était liquide et tout visque, commence à s’égayer dans la flotte. Et puis le voilà qui se rassemble et qu’il durcit, façon Terminator au réveil. Exactement comme si le caporal des molécules de blanc avait sonné le rassemblement. Tût. Tût.
Evidemment, l’opération ne fonctionne qu’avec des œufs superfrais. Et bios, pourquoi pas. L’idéal serait d’ailleurs d’inviter la poule à pondre directement au-dessus de la casserole fumante, les papattes en équilibre sur les rebords du récipient. L’animal se cramerait certes le popotin. Et le WWF piquerait une crise. La cata. Bon, oubliez la poule sur la casserole.
Tout ça pour vous déballer notre recette de soupe de lentilles vertes, sa brunoise de légumes croquants, ses chips de viande séchée et son œuf poché. Plat qui intimidera les âmes simples et ravira les gosiers exigeants, tout en n’exigeant ni grosses dépenses, ni grande compétences, si ce n’est un doctorat en urologie médiévale.
Pour quatre êtres humains à table, prévoyez 260 grammes de lentilles vertes, une grosse et une petite carotte, deux gousses d’ail, une petite courgette, trois brins de persil, de la crème fraîche, un bouquet garni, deux grosses échalotes, quatre œufs ûber frais, huit tranches de viande séchée, un poireau et c’est tout.
1. Faites pocher vos œufs, un par un, dans un grand volume d’eau juste frémissante, équipée d’une bonne pincée de gros sel et d’un demi déci de vinaigre. Pour cela, casser d’abord l’œuf dans une coupelle, videz la doucement dans la marmite. Puis, avec une écumoire, aidez doucement l’œuf à se recomposer, en le coinçant contre la paroi du récipient. Au bout de deux minutes, évacuez avec précaution l’œuf poché vers une casserole d’eau froide. Réservez.
2. Dans une marmite, faites bouillir un grand volume d’eau (bis). Ajoutez le vert du poireau, le blanc du poireau en petits morceaux, la grosse carotte grossièrement détaillée, le bouquet garni, une échalote piquée de trois clous de girofle, une échalote pelée sans rien, le persil, les deux gousses pelées et, pourquoi pas, un demi-bouillon cube de légumes. Plus les lentilles, préalablement rincées à l’eau claire. Pas de sel. Pas de poivre. Pas encore. Le bain dure une demi-heure.
3. Pendant ce temps, taillez la petite carotte et la courgette en brunoise, soit en cubes microscopiques. C’est bon pour les nerfs.
4. Découpez chaque tranche de viande séchée en trois lamelles. Chipsez-les à la poêle, sans matière grasse, jusqu’à ce qu’elles se montrent aussi friables que les gambettes de Toutânkhamon.
5. Egouttez les lentilles, en conservant l’eau de cuisson. Virez le vert de poireau, l’échalote cloutée et le bouquet garni. Mixez le reste, en ajoutant peu à peu l’eau du bain jusqu’à texture relativement fluide. Faut pas que la soupe soit méga liquide. Mais pas mastoc non plus. On notera au passage les carences de notre vocabulaire francophone à ce propos. Faudrait un mot entre onctuosité et fluidité. Onctuidité? Fluituosité? Grand jeu concours!!! Inventez le terme idoine et gagnez votre poids en lentilles!!!
Bref, liez d’une grosse cuillerée de crème fraîche. Salez, poivrez, pimentez éventuellement. Goûtez. Et recommencez jusqu’au bonheur du goulot.
6. Au fond des assiettes à soupe, déposez un mamelon de brunoise crue. Installez l’œuf dessus. Mouillez de soupe brûlante (plus haut que sur la photo, faut réchauffer l’œuf), plantez les chips de viande séchée façon menhirs de Stonehenge, décorez d’une pincée de brunoise et d'un poil de persil. Servez aussitôt. Tayaut!
Avec une salade verte, ça vous fait le souper. Le souper, parfaitement.
Tchou!