Vendredi soir, en catimini, les députés UMP ont adopté un amendement dans la loi sur la sécurité sociale permettant aux salariés qui le souhaitent de travailler
jusqu'à 70 ans alors qu'ils pouvaient être mis à la retraite d'office à 65 ans.
Depuis, la gauche entière pousse des cris d'orfraie contre cette mesure anti-sociale repoussant insidieusement la limite du
travail à 70 ans. Ceux qui lisent ce blog auront deviné que je ne suis pasun sympathisant UMP et que le libéralisme n'est pas ma tasse de thé, pourtant je voudrais apporter un petit bémol.
Tout d'abord, soyons clair, le parti majoritaire a effectivement fait voter cet amendement pour que l'opinion publique s'habitue à l'allongement de la durée du travail, poursuivant ainsi un long
travail de sape contre le salariat. Vous me direz alors qu'en matière de bémol, je me joins plutôt à la meute des blogs de gauche.
Là où je pense que l'UMP (et le gouvernement) ont tort, c'est de croire que cela va générer un mouvement de fonds qui accréditerait leur thèse que l'allongement du travail n'est pas plus un tabou.
Bien sûr, il y aura des volontaires pour travailler jusqu'à 70 ans, des chercheurs, des directeurs, des ingénieurs etc. Bref, des postes où l'on travaille avec son cerveau et où l'on touche de
(très) bons salaires. Mais l'immense majorité des employés de ce pays n'auront qu'une hâte : être le plus vite possible en retraite avant que la loi ne change encore en leur défaveur comme c'est le
cas depuis plus d'une décennie. Cet amendement n'étant qu'un symptôme supplémentaire qui les convaincra de rejoindre au plus vite le rang des paisibles retraités. Et que se passera-t-il quand, dans
deux-trois ans, on aura constaté l'immense flop de la mesure ? Les libéraux auront bien du mal à l'utiliser pour faire avancer leurs thèses et cela pourra même servir les adversaires de cet
allongement. Au début, le gouvernement nous abreuvera de chiffres montrant que cela répondait à une réelle attente car il y aura des volontaires, mais rapidement, on constatera que la frange
concernée est infime.
L'UMP se serait-elle contaminée à ses propres sondages trafiqués, que ce soit sur l'allongement du travail ou le travail du dimanche ?
Ce matin, le bon Xavier Bertrand évoquait les cas du professeur Montagnier parti aux Etats Unis après une mise à la retraite
d'office, ce qui est évidemment dommage, voire stupide. Mais il a aussi eu la mauvaise idée de parler de Guy Roux qui avait
demandé une dérogation pour exercer son métier d'entraineur après la limite d'âge de 65 ans à Lens. Elle lui fut accordée, mais il démissionna trois mois plus tard, avouant qu'il n'avait plus
l'énergie pour ça. Et pourtant, Guy Roux est loin d'être un gauchiste, croyez-moi !
Un petit indice sur la toxicité ou non de cette réforme : le MEDEF est vent debout contre ! En effet, elle leur empêcherait de
se débarasser de leurs anciens les mieux rémunérés, eux qui n'embauchent plus guère après 50 ans...
Alors cet amendement voté en loucedé la veille de la fête des morts n'est-elle pas destinée à devenir lettre-morte ? C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter !
Dominik
Tags : Retraite à 70 ans, UMP,gouvernement, Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, MEDEF, Laurence Parisot,blogs de gauche, PS, Parti
Socialiste, tabou, volontaires, retraités, libéraux, sondages rtafiqués, professeur Montagnier, Guy Roux entraineur de Lens, libéralisme
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 novembre à 16:43
Encore heureux qu'ils n'ont pas la Bible comme livre de chevet, imaginez que ces députés s'appuient sur le récit de la vie de Mathusalem, quelle loi nous auraient-ils voté ?