Marie-Joseph Canteloube… (1879-1957) Pas forcément très connu dans le panthéon des compositeurs. Pourtant, on lui doit deux opéras : Le mas et Vercingétorix. Le livret du premier a été écrit par ses soins et l’œuvre est un hommage sincère à sa province natale, l’Auvergne. Quant au second, il vante les hauts faits du général gaulois. Les deux opéras ont été créés respectivement en 1929 et 1933 à Paris mais sont tombés dans l’oubli, éclipsés par ses transcriptions de musique populaire.
Canteloube (de son nom complet Marie-Joseph Canteloube de Malaret) est né en 1879 à Annonay. (Malaret est le nom d’une propriété familiale.) Fortement encouragé par sa famille à mettre en valeur ses donc musicaux, il étudie d’abord le piano avec Amélie Doetzer, ex élève de Chopin ; après 1901, à Paris, il se trouve placé sous la tutelle de Vincent d’Indy. Ce dernier voue une véritable passion au folklore français, passion bientôt partagée par Canteloube. Il commence alors à écrire de la musique inspirée de sa région natale et de son histoire. Ayant voyagé à travers les provinces françaises, il avait noté les chants régionaux en vue d’une publication qui eut lieu entre 1939 et 1944. Les chants de l’Auvergne étaient bien sûr ceux qui lui tenaient le plus à cœur et il les publia en cinq recueils, de 1923 à 1955.
De l’avis même de Canteloube, « les chants populaires, lorsqu’ils sont purement et simplement transcrits, sont les fleurs d’un herbier –mortes et sèches. Pour leur insuffler vie, ces chants doivent être joués de telle sorte que l’auditeur puisse virtuellement voir la région et sentir les vents, doux et odorants. A cette fin, Canteloube a « habillé » les chants avec des orchestrations évocatrices. » (1)
Les Chants d’Auvergne sont chantés dans la langue d’oc : on y trouve des traces de l’ancien langage celte et du latin importé par les Romains. Mais en ce qui concerne les mélodies, elles proviennent sans doute de diverses sources : motifs de la musique andalouse et mauresque, chants rituels celtes et plain-chant de l’Eglise catholique.
Il existe un certain nombre d’enregistrements disponibles en CD/vinyle des Chants d’Auvergne. Citons par exemple celui de Dame Kiri Te Kanawa qui date de 1982. Mais ma préférence va, je l’avoue, à celui réalisé par Frederica Von Stade en 1982 et 1985 aux studios d’Abbey Road à Londres. Elle est accompagnée par le Royal Philarmonic Orchestra dirigé par Antonio de Almeida. Il est disponible en CD et regroupe deux volumes. La voix de mezzo-soprano de Frederica Von Stade « colle » parfaitement aux mélodies et son interprétation est d’une retenue et d’une justesse absolue. Malheureusement, aucun des documents trouvés sur Youtube concernant les Chants d’Auvergne ne présente son interprétation.
(1) - Texte de présentation enregistrement CD/vinyle de Frederica von Stade. Auteur non mentionné
Vidéo 1 : Le premier des Chants d’Auvergne, sans doute aussi le plus célèbre : Baïlero. Il est interprété par Karita Mattila.
Texte : « Pâtre, par delà l’eau, tu n’as guère de bon temps, dis le baïlero lerô… Je n’en ai guère et toi dis baïlero… Pâtre, l’herbe est en fleurs, viens-y garder ton troupeau, dis le baïlero lerô… L’herbe est meilleure, viens ici, baïlero… Pâtre, l’eau nous sépare, et je ne puis traverser, dis le baïlero lerô… Je vais descendre te chercher, baïlero… »