Vladimir Vissotski avait déjà été évoqué ici le 25 janvier, jour anniversaire de l'un des plus grands artistes soviétiques, à la fois chanteur, poète, acteur, barde, … Aujourd'hui de nombreux journaux russes célèbrent cet artiste car voilà 27 ans qu'il disparaissait, foudroyé par une crise cardiaque à l'age de 42 ans. Admiré par tous les cercles de la société soviétique, une voix de dissidence, mais non pas un dissident, accepté par le gouvernement soviétique en tant qu'acteur, mais jamais comme un poète et un chanteur, Vissotski ne tenait pas d'office ou de titres. Mikhail Chemiakine, artiste émigré, proche de Vissotski, le décrit ainsi : "Il était simplement un fils de son pays, il était très russe. Il a joué un rôle très politique, parce que dans ses chansons il se déclare contre la force malicieuse, contre le vilain système sous lequel il est né." A l'occasion de la commémoration de sa mort, voilà une des ses chansons (en français et en russe) :
Les condamnés à la vie
Vite en route ! Ou droit dans la tombe !
Oui ! Nous n'avons pas beaucoup de choix.
Nous sommes condamnés à une vie morne
Où nous sommes rivés par des chaНnes.
Un balourd s'est hâté d'y croire,
D'y croire sans vérifier ni réfléchir.
Mais est-ce vivre que vivre enchaНné ?
Mais est-ce un choix que d'être cloué ?
La grâce offerte est pure perfidie
Pareille à un philtre de sorcières hébétées :
Cachée au recoin la mort par les nôtres,
Et dans le dos la mort partes autres.
Mon âme s'est figée, et mon corps engourdi.
Nous restons muets comme des canons de paille,
La honte au sourire en coin regarde et ricane
Dans la vitre sale qui nous fait face.
Et si d'aventure nous brisions les fers,
Nous trancherions b gorge du filou
Qui eut l'idée de nous ligoter,
De nous clouer à cette vie tant vantée.
Avons-nous un mince espoir ?
Notre chaНne n'est pas assez forte ?
Pourquoi frapper aux portes du paradis ?
À coups d'osselets sur les étriers ferrés ?
On nous a proposé de cesser enfin la guerre,
En nous faisant paver un prix exorbitant :
Nous sommes condamnés à une longue existence
Dans la faute, dans la honte, dans la trahison !
Vaut-il la peine de vivre à ce prix ?
Le chemin n'est pas terminé ! Du calme !
Hors même de cette grande guerre
On peut encore mourir avec dignité.
Ne nous comparez pas à la glaire des marais,
Nous ne tisserons pas des nids de pus,
Nous ne mourrons pas d'une vie de torture,
Nous préférerons vivre d'une juste mort.
В дорогу - живо ! Или - в гроб ложись
В дорогу - живо ! Или - в гроб ложись.
Да ! Выбор небогатый перед нами.
Нас обрекли на медленную жизнь -
Мы к ней для верности прикованы цепями.
А кое-кто поверил второпях -
Поверил без оглядки, бестолково.
Но разве это жизнь - когда в цепях ?
Но разве это выбор - если скован ?
Коварна нам оказанная милость -
Как зелье полоумных ворожих :
Смерть от своих - за камнем притаилась,
И сзади - тоже смерть, но от чужих.
Душа застыла, тело затекло,
И мы молчим, как подставные пешки,
А в лобовое грязное стекло
Глядит и скалится позор кривой усмешке.
И если бы оковы разломать -
Тогда бы мы и горло перегрызли
Тому, кто догадался приковать
Нас узами цепей к хваленой жизни.
Неужто мы надеемся на что-то ?
А может быть, нам цель не по зубам ?
Зачем стучимся в райские ворота
Костяшками по кованным скобам ?
Нам предложили выход из войны,
Но вот какую заложили цену :
Мы к долгой жизни приговорены
Через вину, через позор, через измену !
Но стоит ли и жизнь такой цены ?!
Дорога не окончена ! Спокойно ! -
И в стороне от той, большой, войны
Еще возможно умереть достойно.
И рано нас равнять с болотной слизью -
Мы гнезд себе на гнили не совьем !
Мы не умрем мучительною жизнью -
Мы лучше верной смертью оживем !
Et pour entendre la chanson, il suffit de cliquer ici sur l'icône real.
Source : Toutes les infos sur ce post viennent du site officiel de Vissotski