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[critique] Hellboy II

Par Anagbmf

Il y a deux semaines, j’avais pris une semaine entière pour vous parler de tout le bien que je peux penser de Guillermo del Toro. Un poète polyglotte, discret et profondément moderne qui revient toujours, si je ne dois dire de plus en plus, à ses premières amours, ces choses que l’on ne sait pas bien nommer…à oui, les idées. Mais pas n’importe lesquelles. Car del Toro est très fan de tout ce qui touche au monde fantastique. C’est pas nouveau, certes. Ce qu’il y a de fabuleux, c’est que plus les moyens affluent, plus del Toro est fidèle à l’idée qu’IL se fait du cinéma.

Et bref, Hellboy II, c’est du bon.
Personne d’autre n’aurait pu y apporter cette griffe (j’ai pas dit SA griffe). Bleue, verte, douce, à peine ensanglantée sans être trop mignonnette, cette griffe, on l’a ressent dès les premières images et ce tout petit clin d’œil à John Hurt qui nous manque terriblement.

Est-ce moi ou les influences de contes cinématographiques anglosaxons se font profondément ressentir? Je pense à l’ouverture qui me rappelle une sorte d’ouverture de Lord of the rings racontés aux enfants, mais aussi ce gros personnage qui s’élève de la terre d’Irelande et qui me rappelle L’histoire sans fin, j’en passe et des meilleures. Et des meilleures.

Hellboy II renforce toutes les idées que j’avais en regardant le premier qui a plus ou moins bien vieilli selon les opinions. Ce n’est pas seulement une adaptation fidèle d’une autre oeuvre, un film humaniste sur l’acceptation de l’autre (et blablabla), une histoire d’amour sur l’amour,  une histoire sur  la fantaisie et ses multiples (indénombrables) possibilités qu’elle offre…. C’est un mélange de tout ça. Parce qu’aux vues de tout ce que risque Guillermo del Toro en adaptant Hellboy avec son propre regard, il serait bien bête de se priver.

Vous l’aurez compris, ou pas, mon premier applause je l’attribue comme d’habitude à l’esthétique de Guillermo del Toro : à ses monstres (del Toro aurait dit, de son propre aveu, à son équipe de dessiner ce qu’ils n’avaient jamais osé créer de peur que l’on leur refuse), à son marché des trolls et même à sa ville. Tout devient beau chez lui, même la laideur. C’est bateau? Oui. A ce sujet, j’ai déjà écrit des tartines, et je vous y renvoie donc.

Le deuxième bon point, qui le dessert un peu parfois, c’est sa capacité à rendre le monde toujours moins noir et blanc. Les humains sont bons mais terrifiés, le grand méchant tue parce qu’il veut voir son monde vivre. Si parfois quelques scènes rentrent un peu trop dans le cliché, je ne crois pas que ce soit ce qu’il faille retenir. Car cet humanisme aide aussi le film à monter, toujours monter vers le haut, à s’affirmer profondément. C’est un film fantastique, qui, comme beaucoup, nous en apprend sur nous-même.

Je crois que beaucoup de bonnes choses ont déjà été dites sur ce film. Alors arrêtez-vous un instant, rien qu’un, et observez ce tableau mouvant, ces couleurs qui se dessinent seules pour laisser notre tête faire le reste en ressortant du film. Observez cette lucidité sur l’erreur humaine, observez ce film d’un jeune père marié terrifié qui ne peut pas s’empêcher de glisser ce genre de détails autobiographiques dans son film, observez-vous devant ce film et repensez à vous, enfants, lorsque vous regardiez un film et puis comparez.

Observez, simplement, réflechissez aussi, ça pourrait être pas mal. Hellboy II, c’est bien.

Guillermo Del Toro, Hellboy


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