Je ne manque pas d’air, osez écrire une critique d’un disque de Dylan. Qui suis-je pour me le permettre, un dylanologue reconnu, un fan éperdu, un spécialiste quelconque ? Rien de tout cela, juste un amateur de musique. Bob Dylan vient de faire paraître le huitième volume des « Bootleg Series » qui regroupent les inédits, les versions brutes ou des titres rares du musicien. Ce qui laisse pantois l’auditeur c’est de constater que ces chutes abandonnées dans une malle feraient un coffre au trésor pour d’autres. L’album titré Tell Tale Signs couvre la période récente de 1989 à 2006, on y aborde donc les albums Oh ! Mercy (1989) Time Out Of Mind (1997) Love and Theft (2001) Modern Times (2005) sous un angle inédit avec des versions de morceaux connus mais produits ou enregistrés autrement et c’est franchement emballant car souvent plus dépouillés. Guitares, harmonica et dobro, sur lesquels la voix de Dylan fait des merveilles non pas techniquement, mais pour son timbre et l’émotion qui s’en dégage. Sur les versions live, si sa voix peut dérailler, sa marque de fabrique, elle sait aussi meugler comme sur High Water avec sa grosse basse limite boogie. On se régale aussi d’inédits comme le magnifique Red River Shore ou de versions alternatives comme l’intense Dignity accompagné de son seul piano. Le CD est double car le bougre se débarrasse à la pelle de ces « petites choses » qui pour nous sont autant de cadeaux de Noël avant l’heure. Comme l’objet est accompagné d’un magnifique livret d’une soixantaine de pages, vous comprendrez qu’on en a pour son argent, lecture et musique dans la même boîte, et qu’il devient enviable d’être un mendiant se nourrissant de telles miettes. Inutile de vous dire que j’ai déjà déversé la galette dans mon Ipod pour apaiser mon retour du boulot le soir, dans les transports en commun.