je ne peux me fondre à la joie de cette lumière car j’ai une tâche à accomplir, une tâche qui me déplaît et qui m’absorbe et nul ne pourrait m’y soustraire s’il n’était associé au sourire de la pie.
Qu’un oiseau, qu’un simple oiseau — une seule pie — soit dépositaire du vol, du franchissement du monde auquel je suis, moi, jeune humain, rivé, n’est-ce pas incroyable ?
Les formes de vie les plus infortunées pourraient se gausser de mon absence de libre arbitre, jusqu’au voile de Chine qui tourne dans son bocal sur le comptoir du buffet de cette gare.
La seule distraction de cet être étrange, au milieu de ses huit cailloux, se résume aux variations du jour. Il s’en contente cependant car la porte-tambour qui déroule son ruban d’aigres voyageurs ne signifie rien pour lui.
Pour moi, en revanche, cette porte peut s’avérer lourde de menaces ou claquante d’espoirs selon le sens dans lequel elle bascule.
Extrait de : Le Grand variable, éditions Éditinter, épuisé.
Dessin de Frédéric Guenot.