Les Divisionnistes italiens, présentés au Kunsthaus de Zurich jusqu’au 11 Janvier, sont une passerelle entre pointillistes et néo-impressionnistes d’un côté et futuristes de l’autre. Ils travaillent sur la lumière, sur la déconstruction de la couleur et, par exemple, comme Longoni, s’en donnent à coeur joie avec les reflets des glaciers alpins. Pour qui ne connaît guère ce mouvement, c’est, au titre près (Rivoluzione !), une exposition modeste, mais fort bien faite.
Un peu de révolte sociale aussi, parfois, mais sans justifier le titre révolutionnaire de l’exposition, des ouvriers (Sottocornalo), des grèves et surtout cette magnifique Folle de Balla (1905), hagarde, échevelée, irruption soudaine de la réalité cachée, celle de la folie et de la plèbe, dans un monde paisible et préservé. Ce n’est plus l’approche clinique de Géricault 85 ans plus tôt, ni celle des photographes autour de Charcot, c’est la folie révolutionnaire qui s’annonce ici, 55 ans avant Foucault.
Mais surtout cette exposition nous mène au futurisme. Les meilleurs des divisionnistes, Balla, Carrà, Boccioni vont sublimer cette même technique divisionniste et la mettre au service de la violence, de la vitesse, de la révolte, de la modernité. Toujours de Giacomo Balla, ce Lampadaire (étude de lumière) de 1909/1911 en est un parfait exemple. On tue le clair de lune, la lumière irradiant du globe est faite de chevrons rouges, verts, jaunes, violets, comme un pointillisme dynamique au service de la lumière artificielle.En somme, une exposition sans prétention, mais plus agréable et didactique que celle de Pompidou sur la suite futuriste.
Giacomo Balla étant représenté par l’ADAGP, les photos seront ôtées à la fin de l’exposition. Vous pourrez les retrouver ici et ici.