Le préfet soutient la demande de la ville de réaliser moins de HLM que prévu chaque année. Au grand dam des associations et élus de gauche.
DIMANCHE après-midi, la caravane du Droit au logement (DAL) faisait escale à Neuilly afin d’épingler la municipalité sur le manque de logements sociaux. Sur les banderoles des militants, on pouvait lire : « 3,2 % de HLM, 5 134 logements manquants. » Un chiffre bien loin des 20 % imposés par la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain).
Un manque de réserves foncières
Pour y remédier, un objectif de construction de 748 logements sur trois ans a été imposé à la ville par la préfecture. Un nombre trop élevé selon le nouveau maire, Jean-Christophe Fromantin, qui a écrit au préfet mi-septembre pour lui demander d’ajuster cet objectif sur les possibilités réelles de la ville en saisissant une commission nationale. Il estime en effet ne pouvoir créer que 400 à 420 logements sur la période 2008-2010.
Jeudi, en marge d’une réunion sur la crise économique, Pierre de Bousquet de Florian, préfet du département a annoncé avoir apporté son soutien au maire de Neuilly sur cet épineux dossier. « J’ai signé et appuyé sa demande, en l’assortissant d’un avis favorable, a-t-il expliqué. Neuilly doit faire face à de nombreuses contraintes à commencer par le manque de réserves foncières. » Un argument régulièrement mis en avant par Jean-Christophe Fromantin et ses prédécesseurs.
Avis que Pascal Buchet, patron départemental du PS, est loin de partager : « Arrêtons l’hypocrisie, estime le maire et conseiller général de Fontenay-aux-Roses, certaines municipalités laissent filer des centaines de logements en n’appliquant pas leur droit de préemption qui est pour moi un devoir. Si on accepte aujourd’hui des dérogations à la loi pour les villes particulièrement hors la loi, quel exemple donnons-nous ? »
« Je n’ai pas demandé une faveur »
Déjà sur la période 2004-2007, Neuilly n’avait réalisé que 378 des 774 logements imposés par la loi. Un non-respect des objectifs qui avait valu à la municipalité une amende de 123 000 €. « Je n’ai pas demandé une faveur et je ne cherche pas à m’affranchir de mes responsabilités, avance Jean-Christophe Fromantin. Mais il faut prendre en compte la situation difficile de Neuilly. Je préfère que les objectifs soient revus à la baisse et respectés plutôt que de dire oui pour 800 en sachant très bien que c’est impossible ».
Le maire a d’ailleurs lancé plusieurs pistes pour montrer sa bonne foi sur cette problématique. Il compte créer des logements sociaux grâce au conventionnement d’une partie du parc de la ville (soit 150 appartements) et du parc immobilier appartenant à des institutionnels, notamment la Caisse des dépôts.
Le Parisien