Après la sensualité et les séries américaines , j'ai décidé de m'attaquer à un autre gros pourvoyeur d'internautes visiteurs de blogs : la cuisine. Il faut ce qu'il faut. Si je veux exploser les stats, pourquoi se priver de tous ces gens qui ont l'eau à la bouche dès qu'on parle de saint-pierre au beurre de gingembre ou de grenadins de veau aux cèpes ? De celles qui sanglotent devant des chipirons à l'encre servis fumants sur une terrasse de Biarritz ? De ceux qui se mettent à genoux devant une poêlée de casserons aillés ou un magret de canard sur figues chaudes, arrosé d'un Loupiac 47 ? De celles qui se damneraient pour des toasts chauds rôtis à la cannelle, et même des rouleaux de truite fumée avec son guacamole au wasabi ou des cagouilles à la sauce au luma ? Sans parler de celles et ceux qui donneraient leurs chemises (ou qui l'enlèveraient) pour juste apercevoir l'étiquette d'un saint-julien 5e cru classé, d'un petrus datant d'avant le phylloxéra ou d'un gewurztraminer vendanges tardives...
J'en connais une excellente, qui épatera vos amis. Ça s'appelle l'apfelkuchen (prononcer à l'allemande). Je garde précieusement cette fiche cuisine de Elle datant d'une bonne trentaine d'années glissée dans un exemplaire pourri du Ginette Mathiot, édition 1955. Ah le Ginette Mathiot... Tout jauni, sale comme un peigne, quasiment en miettes, toutes les pages se décollent. Je passe un temps fou à retrouver les deux-trois recettes que j'affectionne. Page 243, au titre des savoirs inutiles, je note qu'il faut «obligatoirement acheter le canard vivant si on veut le préparer au sang. L'étouffer une heure au plus avant la cuisson. » J'imagine le dialogue en cuisine, à l'époque : « Vas-y, Josette, étouffe-moi le canard pendant que j'ouvre les huîtres... » « D'accord, mais c'est toi qui estourbis les anguilles...».
Pour éviter de surcharger cette note, je mets la liste des ingrédients ici et la recette en elle-même-là. Imprimez-les à part, c'est plus pratique. En fait, et c'est là où je voulais en venir (vous imaginez bien que tout ça n'était qu'un prétexte...), ce gâteau a un avantage étonnant. On peut changer d'idées en cours de route et réutiliser une partie des ingrédients pour faire autre chose. Normal, vu le nombre... Le fond du gâteau est la meilleure pâte à tarte que je connaisse : non seulement il y a l'habituelle farine et le beurre, mais il y a aussi trois œufs, un peu de sucre et surtout un zeste de citron. Vous ne ferez plus jamais la tarte au citron sans cette pâte, et votre tarte fine aux pommes caramélisées va atteindre des sommets culinaires inégalés.
Ce gâteau étonnant a encore de la ressource. Réservez la crème fraîche prévue pour le gâteau et versez-la délicatement sur le bord d'un verre rempli d'un mélange de café chaud sucré et d'un doigt de whisky. Shazam ! Vous avez un irish coffee. Enfoncé, le Bailey's…
Et comme toujours, je garde le meilleur pour la fin. Vérifiez que les enfants sont couchés, parce que là, faut mettre le carré blanc. C'est bon ? On peut y aller. L'apfelkuchen fournit en effet la base pour une recette érotique étonnante. Là, c'est très simple : demandez à votre compagnon ou votre compagne de vous aider à préparer la pâte. Attendez qu'il ou elle ait les mains dans la farine, bien collantes. Il ne vous reste plus qu'à l'enlacer par derrière en lui précisant :
1 - que vous venez de vous changer et qu'il est donc inutile de poser ses mains pleines de doigts et de farine sur un tissu aussi délicat
2 - que de toutes façons, quoi qu'il ou elle lui arrive, ça ne l'empêche pas de continuer à pétrir.
J'ai testé, ça marche à tous les coups. Merci qui ?