Quand on regarde et que l'on compare les photos issus de films de fin du monde, une thématique revient fréquemment, celle du paysage urbain apocalyptique.
Ah on l'a vu cette rue vide, jonchée de débris, de voitures en désordre, voire de cadavres plus ou moins décomposés. Au loin un immeuble brûle, laissant deviner un panache noirâtre de mauvais augure. La vie semble s'être retiré du paysage comme la mer du littoral, laissant derrière elle le silence et le vide. Car ici, c'est l'absence qui crée la rupture. Pas de piétons, pas de circulation, pas de bruit de klaxons ou d'embouteillage. Rien, le vide. Ou sont passés tous les gens ? sont-ils morts, ont-ils fuis ? Dans "On the beach", le commandant du sous-marin ne peut s'empêcher de forcer une maison pour contempler les cadavres d'une malheureuse famille. Son second commentait, "les hommes sont comme les chiens, ils vont se cacher dans leur trou pour mourir".
Véritable casse-tête pour les assistants de production (organiser un tournage entre 5 et 7 heures du matin, impérativement en été, boucler les rues...), ce genre de décor reste relativement abordable. C'est une des raisons de sa présence dans tant de films. D'ailleurs, il a remarquablement peu évolué au fil du temps, il faut réellement attendre "Je suis une légende" version Will Smith pour assister à une surenchère visuelle (plutôt très réussie)
Ce que le cinéma nous montre depuis longtemps va peut-être arriver aux Etats-Unis sous l'effort conjugué de la crise des subprimes et de la hausse des prix du pétrole. En effet, de larges zones périurbaines (la banlieue) se voient aujourd'hui désertées par des propriétaires ruinés et contraints de se reloger ailleurs et par des automobilistes cherchant à se rapprocher de leur lieu de travail pour diminuer la fréquence de leur passage à la pompe. Conséquence, les jolis pavillons deviennent d'horrible squat remplis de trafiquants de tous poils qui finissent de décourager les derniers habitants.