Le délire obamaniaque de Jean-Jacques Roth dans "Le Temps"

Publié le 01 novembre 2008 par Francisrichard @francisrichard

Dans son édito paru dans Le Temps de ce jour ( ici ) Jean-Jacques Roth commence par dire une évidence sur le résultat de l'élection présidentielle américaine : "rien n'est joué". Puis il décrit la situation des Etats-Unis comme on les voit vu d'ici : "une Amérique malheureuse, éreintée par huit ans d'une présidence désastreuse, dont les échecs ont atteint la fierté, la confiance, le crédit, qui est aujourd'hui moins crainte par ses ennemis et moins aimée de ses amis". Il conclue cette introduction en disant que la planète "attend du choix qu'elle fera mardi prochain celui de son propre futur".
Jusque là, à part le tableau noirci de la situation des Etats-Unis, et l'influence surestimée des mêmes Etats-Unis dans le monde, l'éditorialiste du Temps est somme toute à peu près raisonnable dans ses propos. Mais c'est pour mieux délirer après : "Imaginons donc, dans ces conditions, le choc que provoquerait une victoire de John McCain et Sarah Palin. Il y aurait plus qu'un dépit politique mais le signal d'une régression formidable, à laquelle s'ajouterait le sentiment d'une injustice irréparable".
Dans l'éventualité d'une défaite d'Obama je comprends fort bien que Jean-Jacques Roth puisse être dépité, politiquement parlant : après tout c'est humain de ne pas bien supporter de voir son fantasme se dissiper. Mais employer les expressions de régression formidable et d'injustice irréparable c'est autre chose : c'est tomber dans un délire obamaniaque.

Ce que Jean-Jacques Roth appelle régression formidable c'est le retour aux valeurs traditionnelles qui ont fait la grandeur des Etats-Unis, et qu'il qualifie d'un ton méprisant de retour "aux potions conservatrices et aux divisions culturelles que représente jusqu'à la caricature son effarante colistière". Je ne pensais pas si bien dire quand, dans mon article sur Le déchaînement médiatique contre Sarah Palin , j'avais décelé, derrière ce déchaînement, des attaques dirigées davantage contre les valeurs que contre l'incompétence présumée de la gouverneur de l'Alaska. Pourtant les pays qui s'en sortent le mieux savent concilier tradition et modernité.
Ce que Jean-Jacques Roth appelle injustice irréparable c'est "le rejet" que signifierait l'élection de John McCain : "Moins que le programme politique de Barack Obama, c'est l'homme et ce qu'il incarne que les Américains choisiraient d'écarter". Si je comprends bien Jean-Jacques Roth, il serait injuste de ne pas voter pour Obama parce que, parlons crûment, Obama est le "premier candidat noir" - ce qui, à strictement parler, est d'ailleurs inexact. Il ne serait pas possible de rejeter Obama en raison de son programme, qui, pourtant, sur le seul plan économique, serait aussi catastrophique que le New Deal du président Roosevelt  comme je le montre dans mon article Avec l'élection d'Obama une grande dépression économique est en vue  .
Jean-Jacques Roth, et ses semblables, ont une curieuse façon de traiter les valeurs et les opinions politiques de ceux qui ne pensent pas comme eux. Faute d'argumenter ils préfèrent les disqualifer par le langage. Faute d'argumenter ils préfèrent invoquer "un rêve", "une espérance", c'est-à-dire une inconsistance sur laquelle la raison ne puisse pas avoir de prise. Quand leurs contradicteurs ne veulent pas les suivre dans leur délire, ils disent que c'est injuste, comme l'enfant à qui on refuse un caprice.
Francis Richard