Magazine
Imaginez.
Un film où il ne se passe strictement rien.
Où l’élément le plus intense du scénario est le défi d’un tremplin en vélo.
Où les héros sont si peu charismatiques qu’ils en deviennent mornes, ineptes, inconsistants.
Où le réalisateur tourne en suivant le rythme d’un film tellement lent qu’à côté un épisode de Derrick passe pour du Michael Bay.
Pourtant, c’est irrésistible, hilarant, méchamment culte.
Parce qu’ils mangent des steaks.
Napoléon Dynamite est un hommage à toute cette tranche de population du sud des Etats-Unis, envahie de péquenots, des bouseux sans buts que le réalisateur iconise au rang de héros.
Et le film raconte leur histoire.
D’un bal de lycée à une élection de délégué des élèves, chacune de ces parcelles d’intérêt du scénario, est traitée de façon glorieuse, aux prix d’efforts surhumains.
En résulte une apologie de la loose, le film béni pour toute une flopée de nerds qui voient leurs rêves les plus fous se réaliser.
On y trouve l’amour sur Internet, on y devient star de l’école en deux trois mouvements de breakdance, sa singularité devient un mode de vie.
Pourtant, toute cette glorification passe par un non rythme absolu, où le réalisateur traîne la nonchalance des personnages.
Personnages campés avec brio par des acteurs impayables, qui prouvent que si le ridicule ne tue pas, il permet d’accéder au rang privilégié de film culte.
Parce que Napoléon Dynamite n’a rien à voir avec les comédies grasses tellement en vogue outre atlantique (rien qu’à voir Click, le fossé se creuse naturellement), et qu’il est assez difficile d’accès, le film se doit d’être vu.
Pour preuve l’humour fin, raffiné, racé qui émane du film, et le tour de force d’un réalisateur qui hypnotise littéralement le spectateur, piégé dans un univers à la médiocrité délectable.
Reste à voir ce bijou de cinoche indépendant, qui ne ressemble à aucun autre.
Qui ne ressemble à pas grand-chose tout court d’ailleurs.