What you see, sur les murs de la Fondation Suisse pour la Photo, à Winterthur, en face du Musée (jusqu’au 16 novembre), c’est une série de 107 petites photos bien alignées à l’horizontale dans des cadres identiques qui me font cheminer sans discontinuité de l’entrée jusqu’au fond de la salle en zigazgs.
Ce que je vois au fil de cette ligne de photos, ce sont des formes, des structures, où parfois je reconnais, je déchiffre, j’identifie, mais plus souvent je ne comprends d’emblée ni le motif, ni le cadre, ni l’échelle : mon regard s’épure, la vision se limite aux formes, à leur harmonie. Comprendre ce que je vois devient un enjeu dérisoire; ce qui compte, c’est comment je vois.
Ce sont des photos trouvées, patiemment rassemblées par Luciano Rigolini. Pas d’histoire ici, pas de récit dont on ne saisirait que des bribes, comme, par exemple, chez Céline Duval, grande magicienne de la photo trouvée. Simplement un vocabulaire pictural, graphique abondant et dénué de sens : rupture du sens, flottement du signe, absolue beauté, poésie absurde. Ici et là, un zeste inattendu et involontaire de constructivisme surnage.
Face à ces miniatures, de grands formats de machines industrielles photographiées comme des personnes, avec la sensualité de la matière et la frontalité d’un portrait.