Poupée-vaudou et Poupée-fleur.

Publié le 31 octobre 2008 par Pensezbibi

Dans l’affaire de la Poupée vaudou, l’avocat de Little Nikos, Thierry Herzog, a rappelé que son Maître l’avait chargé de rappeler au Monde entier que chacun avait « sur son image, quels que soient son statut et sa notoriété, un droit exclusif et absolu ». Pour BiBi, c’est cette prétention délirante de maîtrise absolue de son image – passée sous le régime du droit – qui est à la fois folle et ridicule. Quel est l’humain qui peut croire que son image lui appartienne totalement, absolument ?

BiBi s’était souvenu que Françoise Dolto (1) avait écrit sur le jeu des poupées, jeu qui lui avait servi en cure psychanalytique avec Bernadette, une petite fille anorexique de cinq ans et demi, une petite fille en haine d’elle-même, rencontrée en 1946. L’apparition inopinée d’une poupée-fleur avait permis à l’enfant d’opérer sur cette poupée un transfert massif et ambivalent. A partir du moment où l’enfant devint négative à l’égard de cette poupée, elle devint positive à l’égard d’elle-même et fut guérie en huit séances. Ces séances offrirent à la petite fille un espace et un temps où elle put jouer l’affection et la haine avec cette poupée-fleur dont « la gentillesse était d’être méchante ». Ces jeux de poupées à forte valeur érogène narcissique permettent souvent aux enfants de construire un espace intérieur en le déployant. Le génie de Dolto est d’avoir été à la découverte et à l’écoute du dire de ces enfants, de leurs fictions et de leurs mises en scène.
On aurait pu attendre d’un Président ( celui de toutes les petites filles françaises) qu’il devienne support de transfert et qu’il résolve à sa façon la Crise d’enfants en souffrance. Hélas, ce fut une attitude de refus, un refus si fort qu’il étonna toute la classe (politique) sauf André Santini, le député UMP qui, ce vendredi à France-Inter, fit part de sa grande peur des Poupées-Vaudou et de son accord d’assigner les Sorciers K&B en justice.
BiBi pense que ce n’est pas seulement de devenir support de transfert qui embête Little Nikos, c’est d’être un objet manipulable. Peur de se retrouver un jour anonyme, inanimé, sans paroles, jouet parmi les jouets, dans une caisse ou un grenier. Car l’idée centrale de l’existence d’une poupée, c’est qu’elle est totalement manipulable. Or Little Nikos ne veut pas sortir de son rôle unique : celui d’être acteur, de rester celui qui manipule. Il ne veut guère s’exposer – pour de faux – à être partenaire aux mains de l’autre. Il ne veut guère perdre quelque chose de lui dans l’échange. C’est tellement fort et intense qu’il va pour cela jusqu’aux Tribunaux. Il refuse ce jeu-là, il refuse d’être support des déchaînements agressifs de l’enfant, il refuse d’être un lieu d’accueil inanimé et passif qui puisse servir à quelque chose, qui puisse servir à quelqu’un.
Ce refus est donc un refus d’échange, un refus d’être un objet sur lequel on puisse projeter une partie de soi. Cette projection est une nécessité pour un enfant parce qu’alors on peut s’identifier à ce sur qui on (se) projette. Heureusement il y a d’autres poupées qui se prêtent aux jeux.
BiBi, lui, n’est pas étonné de la colère noire de Little Nikos. Entre être une poupée et (permettre aux autres d’) avoir une poupée, Little a choisi : ni l’un, ni l’autre.
Le Tribunal, lui, a choisi : on n’interdira pas la Poupée.

Ouf ! Les Enfants (de la République) vont pouvoir continuer de grandir.

_____________________________________________________________________

(1) Françoise Dolto. Jeux de poupées. ( “La Poupée-Fleur”). Mercure de France. 1999.

Tags : André Santini, Bibi, Françoise Dolto, K&B, Little Nikos, Poupée vaudou, Poupée-fleur, Thierry Herzog, UMP

Cet article a été publié le Vendredi 31 octobre 2008 à 23:34 et a été classé dans BiBi educ'. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant à ce flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse, ou un trackback depuis votre propre site.