Cher-e-s camarades,
Les résultats de ce premier vote du 34è Congrès, (vote qui visait à choisir le texte qui servira de base commune), sont tout à fait éloquents, et pour de nombreuses personnes ( dont je fais partie), ils ne seront malheureusement, qu’une confirmation.
A ce moment, sur 42.708 cotisants ("cotisants", quel terme incroyable...toutes ces contorsions pour nous laisser entendre qu’en termes d’adhérents il y en aurait bien plus !), il y a eu 23.524 votants (ça fait mal....)....
Le texte de base commune de direction nationale (dont j’ai déjà dit tout le mal que j’en pensais) a fort logiquement recueilli pour l’instant 63.90 % des suffrages.
C’est donc lui qui servira et sera amendable...on ne rattrapera pas ce retard.
Cela signifie que sur les exprimés, seulement 37 % de camarades ont jugé utile, au moins, de commencer par contester cette base commune de la direction, sachant que sur ces 37%, il y en a presque 15 % (La Riposte) qui sont, de toute manière, acquis à la direction sortante, qu’elle prenne le visage de MG Buffet, de P Laurent, ou d’O Dartigolles !
Autant dire qu’après les deux derniers Congrès, pour celles et ceux qui n’auraient pas encore compris, le PCF n’est définitivement plus, et ne pourra plus être, un parti révolutionnaire, ce qui n’est pas peu dire...
Le texte présenté par la Riposte (txt n°2) 14.72%, qui vont aller à la direction sortante ( Greg Oxley a depuis longtemps annoncé que son courant n’avait rien à reprocher à MG Buffet et a donc affirmé rapidement qu’ils étaient tout à fait d’accord pour servir d’aile gauche aux mutants-liquidateurs)
Reste un score honorable pour le texte n° 3 "Faire vivre et renforcer le PCF ...." mais qui est loin d’être suffisant.
Les résultats de la Seine Saint Denis, ancien fief communiste, ou disons, PCF, sont stupéfiants en soi mais là encore simple confirmation pour qui aura fait la bonne analyse (et qui expliquent pourquoi un Hervé Brahmy peut applaudir à la nomination d’un Bartolone dans son siège de Président du Conseil général...) :
Inscrits : 4 220
Votants : 1971
Blancs/nuls : 196 (4,64%)
Exprimés : 1775 (90,06%)
Texte direction nationale : 1391 (78,37%)
La Riposte : 172 (9,69%)
Faire vivre et renforcer le Pcf : 212 (11,94%)
A Paris, où 1038 communistes se sont exprimés (soit une participation de 64% des cotisants), 8,9% des camarades ont voté blanc ou nul.
Pour les exprimés, 67,5% ont choisi le texte n°1 de base commune du Conseil national, 9,8% le texte 2 et 22,6% le texte 3.
Pour le 3è texte, hélas, c’est malgré tout une claque (ne parlons pas du 2è texte, nous connaissions sa vraie fonction), et même si certaines fédérations ou sections ont voté massivement pour lui.
Il en reste donc qu’au final, c’est bien la direction réformiste, social-démocrate, et son texte indigeste qui ont remporté le droit de servir de "base commune".
Le 3è texte avait de bonnes qualités, je pense qu’il aurait fait une bien meilleure base commune, mais il a aussi souffert de plusieurs choses qui ont agacé nombreux camarades qui auraient pu y apporter leur suffrage :
- l’inscription de quelques formules inutilement polémiques qui auraient du faire l’objet de débats ouverts et d’une vote majoritaire
- la mise en avant délibérée d’A. Gérin comme "successeur" de Buffet, son désir d’incarner une bataille de chefs, et donc, un combat solitaire et narcissique, ou perçu comme tel, au point que nombreux furent ceux qui ont appelé ce texte " le texte de Gérin" - la personnalisation (et je l’ai immédiatement dénoncée) est un mal qu’il fallait éviter et qui signe une époque, une conception révolue du communisme en France.
- la tardiveté de l’unification des opposants (qui était en soi révélateur des difficultés et compromis internes à ce groupe) ce qui a pénalisé sa diffusion, obéré son adoption ....
Reste que , de toute manière, nous le savions au fond, le 3è texte n’avait pas vocation à l’emporter, et contrairement à l’analyse de certains ici ou là après ce premier vote, non je ne pense pas qu’il y ait quelque combat à poursuivre.
On n’amende pas une base commune comme celle de la direction nationale ; on ne l’amende pas, surtout quand on l’a combattue aussi violemment (et avec raison) quand on s’est réclamé urbi et orbi du marxisme (en ayant certes fort "opportunément" oublié le léninisme....) car ce texte n’est pas amendable, tout simplement, surtout pas dans ces conditions !
L’amender, c’est se compromettre.
Globalement, ce 3è texte aura aussi souffert de ce dont souffre tout le PCF, sauf que logiquement, quand on est minoritaire, ça pèse plus lourd, à savoir le silence sur la crise, l’absence de proposition concrète d’action unitaire, le refus d’organiser la contestation populaire...qui ne sont eux mêmes que la traduction d’un mal endémique des mouvements communistes directement issus de la IIIè Internationale (qu’on le nomme bureaucratisme, stalinisme, révisionnisme, réformisme, gauchisme, ou tout ça à la fois...).
Mais d’une certaine manière, cet échec cuisant, cet écroulement complet, c’est une victoire pour certaines prévisions ou avertissements de V. Lénine, qui résonnent avec force d’outre tombe, et aussi, il me semble en partie, de R. Luxemburg.
Enfin, comme on dit en rigolant, "c’est au pied du mur qu’on voit le gauchiste".
Mais c’est vrai que quand on se dit communiste, a fortiori quand on prétend incarner la "ligne révolutionnaire", ça la fiche vraiment mal d’être complètement focalisé par un Congrès ( presque perdu d’avance si on veut être réaliste compte tenu des conditions), de devenir muet et sourd pendant des semaines alors que le capitlaisme traverse uen crise historique, et que nous devrions être concentrés sur l’action, pour mettre tous les coups que nous pourrions porter.
Qui croit que le capitalisme va collapser et tomber tout seul, sans que nous ayons à le combattre réellement, fait manifestement une erreur de lecture des travaux de Marx et Engels, une erreur de lecture de l’histoire, et surtout, une erreur d’analyse.
Ce silence, cette inaction, c’est croire aussi que nous, les travailleurs, nous n’attendions que cela, pour vivre, pour réagir , de savoir ce qui se passe au congrès du PCF....
Absurde et faux !
Bref, "on ne tire pas sur un homme à terre" ( "mais quand alors?" aurait dit W. Allen...)
Pour ma part, le mutisme et l’inaction dans une période aussi cruciale ont achevé de me convaincre que si j’étais bien communiste, je n’avais vraiment plus rien à faire au PCF.
Aussi, hier soir à 18h45, j’ai donc pris une double décision :
- finalement, ne pas aller voter (pour ne plus participer à une mascarade qui tourne au tragique et parce que l’inertie des représentants du courant dit révolutionnaire en une telle période m’a semblé folle compte tenu de ce qu’ils prétendent incarner),
- et immédiatement, quitter le PCF.
Je ne m’étendrai pas sur cette décision personnelle, j’en ai prévenu mon secrétaire de section et mes camarades de cellule par courrier hier soir, je peux donc le dire ici aujourd’hui.
Je dirais simplement que, pour différentes raisons, je ne suis pas du tout dans le même esprit que lorsque j’ai quitté le PS.
Aujourd’hui, je suis surtout profondément triste et affligée, et mon cœur est serré, vraiment serré.
Cela étant dit 2006 restera comme le moment où j’ai rencontré ma conscience de classe, où, progressivement au long des mois, elle a fait germer en moi le désir révolutionnaire, et où je me suis découverte, où j’ai commencé à me construire comme communiste.
Mais quitter le PCF, quelque part, c’est aussi un deuil , comme ça a été pour tant d’autres (et demain c’est la Toussaint, il n’ y a pas de hasard !).
La disparition prochaine de la LCR dans le NPA va laisser orphelins de nombreuses personnes (sans doute plus de sympathisants que de militants) pour qui la référence communiste et révolutionnaire dans un mouvement socialiste avait un sens, constituait une nécessité.
Tout le monde, enfin, tous les communistes un peu avertis, ceux qui voudront bien faire un effort d’honnêteté envers eux mêmes savent, puisqu’il est déjà question d’amendements, qui va sortir "victorieux" de ce Congrès du PCF, comment et pourquoi - ce ne seront pas les travailleurs, mais une poignée d’apparatchik constitués en caste.
La suite, pour ce reste du Parti, est écrite noir sur blanc, malheureusement :
De plus en plus, il m’apparaît évident , comme cela apparaît évident à des tas d’autres camarades avant moi, (qu’ils soient au Prcf, aux Rouges vifs, issus du groupe "Perlicand" ou nulle part, qu’ils soient trotskistes, léninistes, maoïstes, "simplement marxistes", voire "rien du tout-istes"), que la nécessité de construire un nouveau parti, en tout cas, une nouvelle organisation des communistes, où nous allons pouvoir rassembler nos forces, va s’imposer, enfin (je dis" enfin" car cela a été tenté précédemment par le Prcf, par exemple, qui depuis sa création a toujours proposé l’unité des communistes, mais les conditions historiques ne s’y prêtaient pas encore).
Le projet "d’Assises du communisme" démontre lui aussi ce désir de reconstruction et d’unité.
Oui, ce nouveau "parti des communistes" ( appelons le ainsi en attendant), il va falloir retrousser nos manches, ranger nos egos et descendre de nos "hauteurs savantes" pour le créer tous ensemble et très prochainement.
Je le dis aussi pour moi (eh oui comme quoi tout arrive) , et je compte bien m’appliquer d’abord à moi même les enseignements que nous devons tirer (en ce qui concerne la France pour commencer) de ces 40 dernières années du PCF, et des 25 dernières années de "la gauche" ; non pas parce que je souhaite m’auto-flageller (c’est pas mon genre), mais parce que, là encore, c’est une nécessité, à la fois pratique et théorique.
Je proposerai seulement dès à présent un principe qui me semble vital, un principe pour commencer qui, à mon sens, devrait nous servir de pierre angulaire :
Ne pas couper les cheveux en quatre, d’abord construire sur des bases minimales, mais de classe, ensuite nourrir, donc, reconnaître humblement que pas un plus qu’un autre n’a "LA Vérité" et que, tant que nos bases communes seront :
dans ce cas-là, et bien, mes camarades, nous sommes toutes et tous légitimes à fonder ce nouveau parti des communistes, à nous y rassembler, à nous y armer et à le faire vivre, non pour soi, non pour une bureaucratie ou une caste de politicien-n-e-s, mais pour qu’il soit instrument révolutionnaire, entre nos mains de militant-e-s, entre celles des travailleurs.
Personne n’y trouvera jamais absolument tout ce qu’il souhaite y trouver, c’est pourquoi il faudra dégager quelques priorités et des principes de travail souples, efficaces, il faudra se concentrer sur l’essentiel, s’accrocher à ce qui nous rassemble et non pas se crisper sur ce qui nous divise.
Pour avancer dans la lutte des classes et dans le combat contre Sarkozy, Fillon et ce qu’ils incarnent et représentent.
La rapidité va s’imposer à nous, pour différentes raisons, mais nous y reviendrons.
Je vous salue toutes et tous mes camarades, que vous restiez ,que vous soyez déjà partis, que vous partiez (et je sais déjà que je ne suis pas la seule à avoir pris la décision de partir hier soir).... du PCF.
Dans l’immédiat, j’aimerais que nous soyons optimistes malgré tout, pleins, non pas d’utopie, mais d’ESPOIR, nous allons nous en sortir, nous allons les renverser, tous ces exploiteurs, et de toute façon nous n’avons pas le choix, car la lutte court dans nos veines et s’impose à nous comme une évidence.
Pour celles et ceux qui seront devant le Ministère des Finances pour une première manif’ ce soir à l’appel des JC, à partir de 18h30, je propose les revendications suivantes :
A très bientôt j’espère donc, nous n’avons pas d’autre choix que nous unir, pour agir, et il faudra bien le faire.
La Louve