Sisters de Douglas Buck

Par Geouf

Résumé: Jeune médecin récemment embauché dans un institut psychiatrique pour enfants, le docteur Wallace (Dallas Roberts) fait la connaissance de la charmante Angélique (Lou Doillon), assistante du docteur Lacan (Stephen Rea), le directeur de l’institut. La jeune femme le ramène chez lui et ils passent la nuit ensemble. Le lendemain matin, Wallace se fait sauvagement assassiner par Angélique, qui souffre visiblement de schizophrénie. Grace Collier (Chloë Sevigny), une reporter s’intéressant de près à certaines expérimentations du docteur Lacan, est témoin du meurtre…

 

Cette fois-ci, c’est le grand Brian de Palma qui passe à la moulinette de la mode du remake. Sisters, ou Sœurs de Sang en VF, étant l’un de ses films les moins connus, on peut estimer que le fait d’en produire une nouvelle version n’est pas un crime si abominable que ça. D’autant que le réalisateur choisi pour s’atteler à ce périlleux exercice est loin d’être un simple faiseur. Douglas Buck est en effet le réalisateur de Family Portraits, une série de trois courts-métrages dérangeants mais a priori très réussis (du moins d’après ce que j’en ai entendu, étant donné que je n’ai pas encore eu l’occasion de jeter un œil dessus) mettant en exergue certains dysfonctionnements de la société américaine. On était donc en droit d’attendre quelque chose de neuf de ce remake de Sisters, qui a priori n’a laissé personne indifférent lors de ses différents passages en festivals.

Malheureusement pour moi, je vais faire partie des détracteurs de ce film, puisque je l’ai trouvé incroyablement mauvais. L’intrigue de base est à peu de choses près la même que celle du film original, mis à part le final, qui diffère grandement. Au jeu des différences, on peut noter que Buck lève très vite l’ambigüité sur la présence ou non de la sœur jumelle (on comprend très vite que c’est bien Angélique qui assassine son pauvre amant), refusant de jouer la corde du suspense. A vrai dire, en termes d’ambiance, ce remake est plus proche du cinéma de Cronenberg que de celui de de Palma, comme viendront l’attester de nombreux passages : la scène de sexe lors de laquelle la cicatrice est utilisée de façon érotique rappelle fortement ExistenZ, les expériences du bon docteur font furieusement penser à Chromosome 3 ou à Faux Semblants. Seule la présence de multiples cameras de surveillance dans l’appartement d’Angélique rappelle le voyeurisme du réalisateur de Pulsions. On l’aura donc compris, Buck tente de se réapproprier le matériau de base, ce qui est tout à son honneur.

Mais ce qui l’est beaucoup moins, c’est le nombre de choix douteux du réalisateur, choix qui plombent petit à petit le film. A commencer par le casting. Mais quelle idée d’avoir choisie Lou Doillon pour reprendre le rôle autrefois excellemment tenu par Margot Kidder ? Si la Française a pour une fois un accent à peu près potable (ça change du reste de nos acteurs hexagonaux), elle est une fois de plus en total décalage, surjouant à fond ou au contraire totalement amorphe et n’inspirant aucune peur dans la scène de meurtre. De même Chloë Sevigny n’est jamais crédible et insupportable en journaliste tenace et passe la moitié du film avec l’air de se foutre royalement de ce qui se passe autour d’elle. Mais le pire vient du scenario, et notamment de sa fin. Passe encore que l’on nous explique que le cadavre de l’amant était caché dans la télévision (hein ?), mais le final granguignolesque est définitivement foiré. Là où de Palma faisait dans la simplicité en révélant seulement la double personnalité de son héroïne, Buck nous sort un final tout simplement ridicule pas crédible pour deux sous à base de manipulation psychologique de la pauvre journaliste. C’est réellement du grand n’importe quoi noyé sous des images obscures et confuses d’une laideur assez étonnante.

On saura tout de même gré à Douglas Buck d’avoir livré un travail de relecture totalement personnel, même si au final celui-ci ressemble parfois plus à un gros nanar à l’humour involontaire et ayant mal digéré ses influences qu’à un véritable film de terreur prenant au tripes. N’est pas Cronenberg qui veut…

Note : 3/10