Les années Bush resteront en effet avant tout comme celles d’un approfondissement des divisions et des inégalités entre Américains. Non seulement en raison d’une politique fiscale très ciblée puisque plus de la moitié des réductions d’impôts consenties par l’Administration Bush ont profité aux 10% les plus riches de la population. Mais également parce que le mélange entre, d’un côté, les énormes dépenses militaires et de sécurité de l’après-11 septembre et, de l’autre, l’application rigide d’une doctrine économique non interventionniste, a amplifié les coupes sombres dans les dépenses sociales et d’infrastructures. Résultat, un système de retraites au bord de la faillite, une assurance maladie qui laisse de côté plus de 40 millions d’Américains, des écoles publiques à la dérive, des ponts qui s’effondrent… et des pouvoirs publics incapables de faire face à des catastrophes naturelles d’ampleur à l’exemple de l’ouragan Katrina en 2005.
Au-delà de ces enjeux économiques et sociaux, c’est le lien social américain lui-même que le nouvel élu devra retisser. La « révolution conservatrice » menée par George W. Bush au nom d’une lecture religieuse radicale de la société a en effet conduit le pays à se déchirer sur la question dite des « valeurs » (famille, peine de mort, homosexualité, avortement, euthanasie…). Le rôle du président qui sera élu le 4 novembre sera de réunir les Américains pour qu’ils affrontent ensemble plutôt que les uns contre les autres les conséquences aussi bien de la crise actuelle que des errements du passé.
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Chronique “Carnet d’Amérique” publiée dans le quotidien Nice Matin le 31 octobre 2008.
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