L’exposition Darkside au Fotomuseum de Winterthur (jusqu’au 16 Novembre) explore ce côté sombre de notre personnalité en long, en large et en travers. Elle attrape tout, les thèmes se chevauchent et s’amalgament; naturisme, publicité, féminisme, fétichisme se bousculent allègrement. Il y a dix expos en une, avec des codes couleur sur les murs pour qu’on ne se perde pas, qu’on sache bien qu’ici il est question de grotesque et là de fantasmes, et pas le contraire. Le mieux est alors de déconstruire et de se refaire pour soi-même telle ou telle petite exposition à l’intérieur de la grande, de zapper une partie et de se concentrer sur une autre, d’échapper à cette profusion de sexe et de sexes, qui lasse assez vite.
L’unité de cette exposition, c’est la photographie, ou plutôt l’acte de photographier, c’est le désir visuel, la possession du modèle par sa représentation. Ce n’est pas très original, la photo comme substitut éculé de l’acte sexuel, l’objectif comme ersatz du pénis, mais l’intérêt ici est de voir à quel point la photographie est essentielle au désir, au fantasme. L’image a de tout temps été un vecteur de désir, travestissant le réel (me vient à l’esprit, étrangement, le souvenir d’Holbein peintre pré-nuptial), attisant le désir (ainsi avec ce Vulcain du Tintoret), mais la photographie est devenue un instrument essentiel, indispensable de la sexualité.
Pour le reste, il y a dans cette exposition du charme et du mystère, du surréalisme et du naturalisme, de l’obscénité et de la suggestion, des allusions et des réalités crues, des femmes-objets et des femmes-pouvoirs, et aussi de la tendresse là où on ne l’attend pas (chez Nan Goldin par exemple). Mais un peu trop de tout.