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Journal d'un vieux fou

Publié le 30 octobre 2008 par Iti1801

Bien avant Gabriel García MÁRQUEZ et ses Mémoires de mes putains tristes, Junichirô TANIZAKI narre la passion d'un vieil homme pour une jeune femme. Chez l'écrivain hispanophone, il s'agit de s'enticher d'une jeune vierge, une dernière fois avant de mourir ; chez le nippon, la perversité est accentuée par le fait qu'il s'acoquine de sa bru.

La relation qui se noue ici, si elle n'est que « formellement » incestueuse (puisqu'ils ne partagent pas le même sang) n'en demeure pas moins troublante (ce qu'on sait depuis Phèdre...). D'autant plus que l'auteur fait la part belles aux perversions d'un vieillard impuissant (qui doit se contenter de voyeurisme ou encore de fétichisme du pied...). Mais, la jeune femme n'est pas innocente pour autant et sait profiter de son beau-père pour obtenir ce qu'elle veut (ainsi lui fera-t-elle dilapider une partie de ses économies en se faisant offrir une perle de chat – diamonds are a girl's best friend, aren't they ? – particulièrement onéreuse), voire semble se délecter de son emprise sur lui...

L'œuvre ne se résume, cependant, pas à une sordide histoire de sexe sous couvert littéraire (ou vice versa ; d'ailleurs, pour ça, on a APOLLINAIRE en France), mais ouvre une réflexion sur la comédie humaine qui peut se jouer au sein de la famille quand un couple vit avec ses parents (et qui n'existe déjà plus dans nos sociétés occidentales actuelles...). Elle offre aussi un tableau touchant sur la décrépitude du corps au soir de la vie, avec les douleurs innombrables et insupportables qu'on connaît alors et qu'on essaye d'oublier comme on peut (ici en phantasmant sur sa belle-fille ou en croyant la manipuler en la poussant à prendre du plaisir dans les bras d'un autre homme que son mari, que son fils donc, parce qu'il reste encore suffisamment lucide pour se savoir trop peu attrayant pour une aussi belle jeune femme qui ne daigne même pas l'embrasser).

Court livre qui permet de passer agréablement l'après-midi ou la soirée. Attention toutefois à ne pas se laisser rebuter par les premières pages assez indigeste sur les acteurs de Nô.


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