On pourrait se contenter de savourer les plans beaux comme des tableaux, qui magnifient la campagne sans pour autant la rendre artificielle. On pourrait citer Edward Hopper (encore lui) ou Norman Rockwell. Ce serait oublier le fond d'un film sur la transmission d'un patrimoine, les conflits entre générations, la marginalisation de l'activité agricole... Ce qui frappe surtout, c'est le fatalisme qui régit tous les comportements et réactions. Qu'ils soient jeunes ou vieux, nés sur place ou venus de leur plein gré, les héros (le mot est juste) du film de Depardon ont perdu leurs illusions, et sont conscients que l'avenir ne sera pas rose. On ne sait qui plaindre le plus : cette jeune femme qui réalise que ses projets sont hors de portée ? ce vieux taiseux conscient qu'il n'aura bientôt plus la force de sortir ses chèvre lui-même ? Difficile à dire. Souvent triste, La vie moderne n'est heureusement pas exempt de drôlerie, la truculence et la forte personnalité de quelques paysans ayant de quoi réjouir. On en sort néanmoins avec un poids sur le coeur, ravagé par ces souffrances qui ne disent pas leur nom.
8/10