J’ai cinq ans. Abrité sous le vaste parasol bleu à franges blanches de
ma grand-mère Solange, je me délecte déjà de cet endroit qui fleure bon
le goudron calfatant les chalands. Dans le lointain une bande bleue se
dessine; c'est le flot qui monte. Des cris d’enfants heureux fusent de
toutes part. Certains font des barrages, d’autres creusent des trous.
J’enjambe avec souplesse les troncs de pins coupés qui faisaient alors office de perré tout au long de la plage du Bétey.
Je
cours le long du chenal serti des mêmes protections où se cachaient les
crabes et mes pieds s’enfoncent dans le sable dérangeant des vers
arénicoles, mais nulle vase ne vient souiller mes jambes.
Je patauge dans les chaudes baïnes où quelques mules égarés me chatouillent les orteils.
Je
respire à pleins poumons cet air vivifiant chargé de sel et des embruns
du large. Au loin, l’océan gronde mais ici, loin de tout danger je me
baigne dans cette eau qui me porte et que je bois parfois… comme on
déguste une huître.
Derrière moi, une théorie de cabanes
ostréicoles délivrent dans l’air leur senteur poivrée de coquillages et
de tout se qui se ramasse sur le ventre du bassin.
Une brise
légère de Juillet porte des messages iodés emplis d’espérance et de
joie. J’ai faim, heureusement ma Grand-mère a tout prévu.
Aujourd’hui, j'ai soixante ans. Je suis assis sur la plage du Bétey et je crois bien que je pleure.
Veillon - email : francoisveillon@aol.com
- http://pageperso.aol.fr/francoisveillon/LebigbazardeFrancois.html
Merci pour ce témoignage et pensons à nos enfants qui ne verront plus de plage si nous laissons faire ...
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