J'aurai pu titrer "Juju le Killer" ou quelque chose comme ça, par ce que l'impression qu'on a en revenant d'un tel entretien c'est un peu ça, mais cela aurait dénaturé le tout et le personnage, ainsi que ses idées. Voici donc un résumé des points qui m'ont marqué lors de cette interview.
Rénover le PS
Ainsi, le problème de la discipline, ne doit pas être vu comme uniquement sous l'angle de l'autorité : Elle sera assurée par le travail en groupe, et la mise en minorité politiques des indisciplinés. Il a dénonce le manque de militantisme de la direction du PS, l'exemple des manifestations de soutien à l'éducation nationale où certains ne sont là que pour poser pour les photos est assez éloquant. Savez vous que ce jour là les membres de la direction du PS ont du manifester sous une banderole du MJS, en effet la rue de Solférino n'a plus de matériel militant !
C'est donc simple, la légitimité de la direction doit venir de son travail et de son activité militante, et pas uniquement de quelques tribunes ou communiqués de presse.
Il a aussi dénoncé la mauvaise riposte du PS, propose un dialogue avec les militants blogueurs. Pour lui, le premier secrétaire doit être député, car la tribune médiatique offerte par l'assemblée est importante... à moins qu'on ne soit ancienne candidate à l'élection présidentielle. C'est important pour la confrontation des idées et projets politiques.
Il faut ré-encrer le PS dans les couches populaires et chez les jeunes: Certaines zones populaire ont eu des taux de participations à 80% et des votes extrêmement forts pour Ségolène Royal dès le premier tour, ce qui exclus un vote "anti" sarkozy : Ceux là auraient pu voter vert, LCR, Modem et ensuite se décider au 2nd tour. Non, ils l'ont fait dès le premier tour, c'est donc un vote d'adhésion. Ca se confirme avec la bonne image de Ségolène Royal chez les jeunes.
Le parti socialiste doit être à l'image de la société , il n'en sera que plus crédible sur certains sujets, comme ceux qui concernent directement les gens : précarité, questions de société. Cela implique une baisse des cotisations et une vraie modulation de celle-ci.
Cela implique plus de débats avec la société civile et sur plus de sujets, la création d'un TV du Parti qui ne soit pas là que pour glorifier les personnes, mais parler de fond. Pourquoi ne pas éditer un journal du PS à 0,20€ plutôt que cet hebdo qui coute 50 000 euros par semaines, et qui n'est pas très lu.
L'apparition des NTIC permet de renforcer la proximité et le militantisme, contrairement aux idées reçues. Là je suis à 500% d'accord avec lui, l'internet rajoute de la granularité dans le militantisme, on peut sélectionner des groupes en fonction de critères très facilement ( cf les CRM), et diffuser messages et actions très rapidement et très précisément. Il compte mettre des moyens humains et financiers dans la riposte, ça me rassure après les ratages de ces deniers 18 mois.
Dans le domaine clé de la formation, j'ai été horrifié d'apprendre que le PS n'a plus de système de formation des cadres et des militants, après on s'étonne de voir des élus voter n'importe comment sur HADOPI !
Sur la crise financière en cours, il a expliqué que la direction du PS n'avait pas organisé de séminaire du Bureau national du PS pour se faire expliquer les détails de tout ce bordel. Qu'on ne s'étonne pas ensuite des discours pas toujours cohérents dans les médias, et des graves erreurs de communication du PS dans ce domaine.
Il nous a expliqué que dans son esprit les secrétaires nationaux seraient missionés avec de vrais responsabilités, des équipes et des moyens.
Au final, sur ce point, il montre une très bonne connaissance des défauts du PS : communication, militantisme, manque d'ouverture sur la société. Et ce sans langue de bois, sans formules alambiquées. On sent une volonté d'agir, de mobiliser les militants, les experts du PS et de la société civile. En rentrant en métro avec les autres, je me suis dit la même chose qu'eux: Julien Dray ferait un très bon premier secrétaire pour re-mobiliser le PS et corriger les errements de la précédente période. C'est pour ça que j'ai manqué de peu de titrer "Juju Le Killer", par ce qu'il donne cette impression de Terminator de la politique, avec une volonté de fer et un objectif clair, remettre la machine en marche.
Un autre billet parlera d'autres aspects très interressants de l'interview : retour sur la campagne de 2007, problèmes de redistribution et de niveau trop faible des salaires, analyse sur les "20 perverses", problème des médias, du NPA, du Modem, de Bayrou ....