La FAO, l'agence de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture, dans sa publication "La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture", émet de sérieux doutes quant à l'intérêt des politiques et subventions aux biocarburants.
Le triplement de la production de biocarburants a été "l'un des facteurs de la hausse des prix agricoles et de la crise alimentaire mondiale", a souligné le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, lors d'une conférence de presse. Cela rejoint les conclusions d'un rapport de la Banque Mondiale sorti en début d'été.
"Outre les conséquences négatives des biocarburants sur la sécurité alimentaire de la planète, nous avons des doutes concernant leur impact sur la réduction des gaz à effet de serre, ainsi que des inquiétudes sur leurs conséquences sur l'environnement", a déclaré M. Diouf.
Dans ce rapport, la FAO souligne que "l'utilisation et la production croissante de biocarburants ne contribueront pas forcément à réduire les émissions de gaz à effet de serre autant qu'espéré". Sont particulièrement visés les biocarburants issus du maïs et du colza, respectivement exploités aux Etats-Unis et en Europe.
L'affectation ou la réaffectation de terres agricoles au profit des biocarburants s'est faite au prix de coûts économiques, sociaux et environnementaux élevés: crise alimentaire, déforestation, biodiversité ou émissions de gaz à effets de serre.
Même si l'impact des biocarburants sur les émissions de gaz à effet de serre, les sols, l'eau et la biodiversité varie sensiblement selon les pays en fonction des matières premières utilisées et des méthodes de production, il ne faut pas perdre de vue que le recours aux biocarburants, en l'état (la seconde génération changera éventuellement la donne), ne permettra ni de s'affranchir du pétrole ni d'apporter une réponse, même partielle, au réchauffement climatique (bien au contraire !).
La FAO plaide pour une remise à plat des mesures de soutien à la production de biocarburant (subventions, barrières douanières, avantages fiscaux,...) à la lumière des nouvelles données économiques et scientifiques connues.
En conclusion, l'organisation se prononce en faveur d'investissements pour la recherche sur les biocarburants de deuxième génération qui s’annoncent très prometteurs en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans peser sur les ressources naturelles et la sécurité alimentaire.
Pour en savoir plus:
Consulter "La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture (SOFA 2008)"