Magazine Cinéma
Ce n’est pas un film choral au sens où on l’entend habituellement, à savoir que des personnes d’horizon se croisent, et encore qu’il nous faut entrer dans l’histoire riche en personnages de cette famille, mais au point de vue des thèmes traités qui s’enchevêtrent.
Lorsque la présentation des différents membres de la famille est terminée et que l’on pense avoir situé les uns et les autres non sans mal, la vraie difficulté commence car il nous faut suivre les différentes thèses développées avec intelligence et subtilité. Il y a le pari pascalien, le hasard avec un traitement mathématique de la probabilité, l’héritage des parents sentimental et génétique, l‘ amour, le pardon, la maladie, la folie….. L’ensemble est touffu sans être confus tant le réalisateur maîtrise les images et les dialogues.
L’oeuvre de Desplechin présente une unité mais pas celle du temps chronologique car le jeunePaul, le fils d’ Elisabeth, serait le Paul d'un précédent film "Comment je me suis disputé"…. Tous les personnages expriment leur souffrance et leur mal être, mais nous donnent (un peu) la clé pour savoir l’évacuer : il faut accepter de rester étranger à soi-même. Ce conte n’est donc pas aussi noir qu’ il peut y paraître (la noirceur du décor de Roubaix est elle aussi compensée par une maison familiale très chaleureuse). Mais il nous laisse sur une impression de mystère; certaines questions posées par le scénario restent sans réponse, le personnage d' Yvan en particulier qui a guéri de ses fêlures et dont on ne comprend pas qu'il accepte que sa femme vive librement un nouvel amour.
C’est donc un film très dense, assez difficile dont il ne faut pas perdre une seule ligne pour ne pas décrocher. On peut être fier d’avoir présenté ce film à Cannes!