A l’aube des Congrés du PS et de l’UMP et dans un contexte économique relativement explosif, La Jeune Garde vous a proposé une série d’interview. Aujourd’hui, c’est au tour de Vincent Léonie, jeune militant haut viennois de l’UMP et ex-candidat lors des cantonales à Landouge, de répondre à nos questions.
“ La Jeune Garde 87 : Le Congrès Socialiste, largement médiatisé car potentiellement source de divergences et de divisions à gauche, prône le débat et des échanges internes basés sur une démarche démocratique ; relayées à un second plan, les élections intra UMP, semblent quant à elles ne tenir aucun compte des militants et n’être que l’occasion pour M Sazkozy d’asseoir son pouvoir et ses influences comme le prouve le désintérêt de la presse à ce sujet. Quel regard portes tu sur ces procédés ?
Vincent LEONIE : Le PS n’a pas le monopole du débat interne. Au contraire de ce que tu peux penser, la démocratie s’est depuis longtemps invitée au sein de l’UMP. D’ailleurs, pour reprendre ce que nous disait la semaine dernière Xavier BERTRAND, nos élections internes seront non seulement l’occasion de débattre, mais aussi de définir, avec l’apport des militants, le projet politique de notre parti tant nationalement que localement. Quant à la volonté de Nicolas SARKOZY d’asseoir son influence et son pouvoir en “muselant” l’UMP, tu te trompes là encore. Certains députés de droite n’ont ils pas fait entendre leur voix dernièrement ? La “discipline de parti” n’a pas cours à l’UMP autant qu’au PS : chacun y a sa liberté. D’ailleurs, je me souviens avoir entendu Nicolas SARKOZY nous dire (lors d’un congrès) qu’il fallait absolument “se dire les choses”, en bien ou en mal. Il ne souhaite en rien avoir un parti “marchant au pas de l’oie” et au garde-à-vous. Il désire que l’UMP reste et soit un véritable creuset d’idées novatrices et une force de proposition pour le gouvernement.
JG87 : Les militants du PS ainsi que l’ensemble du peuple français semble considérer que Bertrand Delanoë est le plus à même à diriger le PS , à s’opposer aux excès voire aux dérives du pouvoir en place. Cette confiance fait du Maire de Paris le candidat le plus crédible pour gouverner la France et mettre en place une véritable alternative au sarkozysme. En tant que jeune politique de droite, de quel oeil envisages tu cette probabilité ? Y vois tu une menace sérieuse ?
VL : Nous n’avons pas la même vision de l’action du Président de la République et du Gouvernement. Quoiqu’il en soit, il ne faut jamais sous-estimer l’adversaire. Surtout que Monsieur DELANOË ferait un candidat sérieux en élargissant son électorat. Maintenant, sera-t-il capable de remporter cette course interne et de mener ensuite de front une position de 1er secrétaire du PS et de possible candidat aux présidentielles… j’attends de voir. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours. Les outsiders ou présumés tels que sont Mesdames ROYAL et AUBRY ne vont pas, à mon sens, jeter l’éponge aussi facilement.
JG87 : Nous pouvons indéniablement constater une évolution des moeurs des politiciens dans leurs rapports avec les médias ; ainsi Nicolas et Ségolène, les premiers, se sont donnés à plusieurs reprise en “représentation” en mettant en scène des problèmes de société qui touche abruptement et réellement une part de la population sans décence ni considération envers celle ci. Pour ma part je ne peux que regretter ce genre de dérive qui à mon sens ampute sérieusement la crédibilité de ceux qui exercent ou peuvent être amenés à exercer le pouvoir. Quel est ton avis sur cette évolution ?
VL : Pour la mise en scène, je pense que Ségolène a une longueur d’avance. Son dernier meeting ressemblait plus à un “stand up” qu’à une véritable réunion politique avec les militants. Si comme moi tu en as parlé autour de toi, tu auras constaté que, justement, sa crédibilité en a pris un petit coup. Pour ma part, je pense que notre société évolue et que les politiques évoluent avec elle. Une forme “d’américanisation” des politiques apparait. Moi-même, lors de la dernière campagne des cantonales, j’avais fait le tour de l’ensemble de mon canton avec un camping-car, véritable siège de campagne itinérant. Les électeurs rencontrés avaient trouvé l’idée originale et intéressante… la comparant à ce qui se fait depuis longtemps aux USA. Mais “show” ne veut pas dire exclure la sincérité du débat public… tout dépend de ce que l’on en fait ! D’ailleurs, les américains en reviennent et veulent plus de “real politics”, de proximité…. tout en gardant “les grandes messes médiatique”, à l’image de la campagne de Barrack OBAMA, que je soutien par ailleurs. Je pense qu’en France, on peut trouver une façon intermédiaire d’inviter nos concitoyens au débat.
JG87 : Dans quelques semaines, à l’issue du Congrès de Reims, la fédération socialiste 87 verra son Etat Major renouvelé. Que compte faire l’UMP de son côté pour faire face à cette évolution de l’adversaire ?
VL : Ne penses-tu pas que la fédération UMP de la Haute-Vienne a montré sa volonté de renouvellement ? Lors des dernières élections, tant municipales que cantonales, un nombre certain de “jeunes” candidats étaient sur les rangs, “jeunes” dont je faisais parti. Nos prochaines élections internes seront l’occasion d’un renouvellement partiel de nos cadres. Ainsi, cela permettra de mettre en responsabilité une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques, tout en ayant le soutien et l’expérience de ses ainées. Il ne faut jamais tourner complètement le dos au passé pour préparer l’avenir…
JG87 : La situation politique locale est assez particulière, la gauche est aussi forte que la droite inerte. Les responsables politiques locaux de ton camp se contentent de cette situation et ne semble pas vouloir mettre en place une opposition digne de ce nom. Quel regard portes tu sur la situation politique locale ?
VL : C’est parce que la gauche est omnipotente dans notre département que l’on croit la droite inerte. Il n’en est pourtant rien . Et ce que je te disais précédemment infirme ce que tu peux penser de la volonté de mes responsables à ne pas mettre en place d’opposition. Que ce soit lors des séances du conseil municipal de Limoges, du Conseil Général ou du Conseil Régional, l’opposition est là et bien là. de plus, un certain nombre de conseils municipaux ont désormais une opposition digne de ce nom, notamment dans la périphérie Limougeaude. La situation n’est numériquement pas (c’est le moins que l’on puisse dire) à notre avantage si l’on compte le nombre d’élus. Mais cette omnipotence de la gauche la conduit aussi à la léthargie et à des dissensions internes.
JG87: Cette situation locale est finalement un reflet parfait de la situation nationale avec comme dans tout reflet une inversion de la droite et de la gauche. Les griefs que tu peux donc porter à la gauche locale ne sont pas ceux que l’o peut reprocher à Sarkozy avec la qualité de gestion des institutions locales en moins ?
VL : Ton constat est juste, avec la qualité de gestion de la France en moins… et aussi un manque flagrant d’alternance locale. La conséquence en est un immobilisme des collectivités locales. Elles ne sont pas offensives économiquement, sans projet de développement. Elles ne cherchent pas l’efficience. Les lois de décentralisation étaient pourtant l’occasion de mettre en adéquation coût de la collectivité et qualité du service rendu : il n’en est rien ! Les promesses locales de ne pas toucher à l’impôt seront-elles tenable ? Rien n’est moins certain.
JG87 : En effet, lors de son accession au pouvoir M Sarkozy a fait un certain nombre de promesses, ses premières mesures en faveur des plus aisés sont maintenant supportées par les français moyens, remplaçant peu à peu le système de solidarité français par un ensemble de mesures individualistes, il n’a pourtant pas su prémunir ses concitoyens de la crise économique. Adulé à ses débuts, la côte de popularité du Président de la République n’a eu de cesse de chuter, dorénavant critiqué par les médias même qui l’ont jadis soutenu et insupporté par nombre de dirigeants internationaux, il persiste dans une ligne politique que le peuple même rejette aujourd’hui ; comment l’UMP envisage donc l’après Sarko ?
VL : Tu tiens le discours classique de la gauche, ce qui m’étonne de toi, Boro. Je ne vais pas de nouveau défendre la politique du Président de la République : les français se sont depuis longtemps rendu compte que sa politique visait à redynamiser notre pays en favorisant l’ensemble des français, et pas seulements quelques nantis comme tu voudrais le laisser supposer. Heures supplémentaires défiscalisées pour soutenir le pouvoir d’achat ; mise en place du RSA pour aider nos concitoyens à retrouver un emploi et ainsi combattre la précarité ; création de contrat aidés ; droit opposable au logement… Toutes ces mesures sont-elles pour les plus riches ? Si les français réagissent négativement aujourd’hui, c’est plus par peur de la situation économique internationale que contre les mesures gouvernementales ! Il verront prochainement que la volonté et l’opiniâtreté de Nicolas SARKOZY à réformer notre pays portera ses fruits. Paris ne s’est pas fait en un jour… il en va de même de l’amélioration de la France. Quant à “l’après Sarko”, laissons lui le temps de mener à bon port la France avant de déjà songer à remplacer le capitaine !
JG87 : Rappelons-le tu as été candidat lors des dernières échéances cantonales à Isle, par ce fait tu as donc dévoilé tes ambitions personnelles qui te posent comme un des futurs leaders de l’UMP 87 ; ambitions qui comme le prouvent les récents heurts sur la blogosphère peuvent faire naitre des jalousies à l’intérieur même de ton propre camp. Ces dissensions propre au milieu même de la politique peuvent parfois être violentes et décourageantes, aussi comment envisages tu ton avenir en tant que jeune de l’opposition et quels sont tes espoirs quant a ton parti au niveau local ?
VL : Ce n’étais pas Isle, mais Landouge… mais tu as raison de dire que vouloir faire de la politique n’est pas une sinécure. On ne fait jamais l’unanimité, mais on peut espérer faire la majorité ! Quant à dire que je suis un futur leader… cela n’engage que toi. Pour tout te dire, mes espoirs envers mon parti sont des plus simples : aguerrir une nouvelle génération au travers de l’expérience et de l’expertise de nos cadres ; oser l’ouverture à des débats qui ne sont pas historiquement les nôtres ; se rapprocher de nos électeurs en leur proposant une réelle alternance ; bâtir ensemble un projet politique en phase avec leurs attentes ; et bien évidement, préparer nos victoires de demain !
Et pour ce dernier point, soit assuré que je compte bien y prendre toute ma part ! “
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