Dans un jugement rendu mercredi après-midi, le tribunal de grande instance de Paris a débouté le chef de l'Etat, qui réclamait en référé l'interdiction de la poupée vaudou à son effigie commercialisée par la société Tear Prod, au nom de la "liberté d'expression et du droit à l'humour".
C'est la première fois qu'un président de la République française perd un procès pour atteinte au droit à l'image.
Dans son ordonnance, le tribunal avait estimé au contraire que la poupée et le manuel vaudou sont "une oeuvre de l'esprit, composée de deux supports indissociables, qui véhicule des informations et des idées et relève de la liberté d'expression, son contenu informatif se plaçant délibérément dans le cadre de la satire et de l'humour".
Si les juges ont admis qu'il "peut apparaître déplaisant à certains égards d'inciter le lecteur à planter des aiguilles dans une poupée de tissu à l'effigie d'une personne", ils notent qu'ils n'ont pas à "apprécier le bon ou mauvais goût du concept proposé" et que "nul ne peut prendre au sérieux ce procédé et croire qu'il prônerait un culte vaudou tel que pratiqué dans les Antilles".
Ils retiennent également que le "manuel explique de façon volontairement fantaisiste et burlesque pourquoi et comment planter ces aiguilles", celles-ci n'étant jamais dirigées "contre la personne" mais "visant à brocarder ses idées et prises de positions politiques, comme ses propos et comportement publics".
Le tribunal souligne enfin, que l'éditeur avait ainsi caricaturé les deux candidats à la dernière élection présidentielle, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, qui "ont tous deux focalisé l'attention du public sur leur personne en mettant en avant leur image dans leur communication politique"
Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, avait téléphoné à Jean-Pierre Mignard, le conseil de Ségolène Royal, pour l’inciter à déposer plainte comme lui contre la poupée vaudou commercialisée à son effigie.
Ségolène Royal, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle n'a pas jugé bon d'engager une action en justice.