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"C'était un roman d'amour pour Naples."
"C'était l'une des plus belles villes d'Europe. Maintenant elle croule sous les monceaux d'ordures, sous le travail illégal et sous la coupe de la mafia. C'est devenu l'exemple-même du désastre capitaliste et écologique."
Vous avez bien montré une civilisation plongée dans l'érotisme ?
Alain Jaubert : "Le roman a été construit à partir de cette ouverture du cabinet secret. Mais en fait les symboles sexuels étaient des objets de la vie quotidienne, comme des grigris. La sexualité n'était pas la même ; le mot homosexualité n'existait pas ; la femme n'était perçue qu'en tant que mère ; les rapports sexuels entre les gens, entre maîtres et esclaves, ne sont pas les mêmes ; ils n'existent plus aujourd'hui.De même, avant, en peinture, les personnages étaient nus alors qu'ils sont drapés à la Renaissance."
Hélène : Pensez-vous que l'Italie reste un lieu idéal pour la relation amoureuse ?
Alain Jaubert : "L'Italie, c'est un pays de rêve pour les Français, mais il n'y a pas besoin d'aller en Italie pour être amoureux."
Zaccharie : L'écriture n'est-elle pas pour vous une façon d'expérimenter la sexualité latine, ne relève-t-elle pas du fantasme ?
Alain Jaubert : "Non, c'est trois personnages qui se retrouvent, mais c'est l'été, il fait chaud, ce sont les vacances, etc... Cela débouche sur une expérience sexuelle, car à partir d'un certain âge le jeu passe surtout par le sexe. Mais en fait c'est une expérience avant tout ludique et infantile."
Stéphane : Y a-t-il une part autobiographique dans ce roman ?
Alain Jaubert : "Bien sûr, mais pas dans les mêmes circonstances. C'est la concentration de moments vécus. Le personnage principal, c'est bien moi : je lui ai d'ailleurs donné mon nom et même ma date de naissance. Les deux personnages féminins ont existé aussi.La visite du cabinet secret est un épisode qui a été vécu en 2000, avec cette guide."
Anthony : Peut-on dire que dans votre livre l'Italie est une femme et le Vésuve son vagin ?
Alain Jaubert : "Non, le Vésuve n'est pas un trou. En Italie, il est vécu comme un phallus qui éjacule. C'est un élément mâle."
Laura : Pourquoi évoquer les prostituées à Pompéi ?
Alain Jaubert : "C'est une réalité de l'époque. Pompéi était un port, tout comme Naples qui lui aussi a ses prostituées aujourd'hui."
Maxime : Quelle est l'utilité des ébats sexuels à la fin du roman ?
Alain Jaubert : "Mais c'est le sujet du roman !"
Kévin : Vos oeuvres sont-elles inspirées de vos documentaires ?
Alain Jaubert : "Oui et non. Naples, c'est autobiographique. Je l'ai découverte en tant qu'autostoppeur, j'y suis retourné en tant que marin puis réalisateur. J'ai d'ailleurs dans l'incipit commencé la description très précise d'une statue sans que le lecteur sache que c'en était une. La chute est humoristique puisque la jeune femme est hélas de marbre, c'est le mot ! Tout cela pour signifier que le roman constitue un récit qui peut être très proche de la réalité mais en même temps cela reste une illusion."