Dire que la Thaïlande est une grosse destination touristique est un euphémisme.Près de 15 millions de touristes visitent le pays chaque année, ce qui est loin du record de la France (80 millions), mais place le pays au deuxième rang en Asie (derrière la Chine).
Pourtant, il reste encore possible de sortir des sentiers battus et rebattus. Eviter les Pattaya et autres Phuket reste très facile. La plupart des guides ont l'honnêteté de le recommander d'ailleurs, et leurs conseils sont d'une manière générale très avisés.
A l'occasion de la visite de mes parents, nous avons décidé de partir 3 jours dans le Parc National de Khao Yai.Khao Yai signifie "grande montagne"... comme son nom l'indique donc, c'est une région vallonnée. Elle se situe à moins de 200km au nord-est de Bangkok, et est donc accessible en voiture en 2h (ou 4h s'il y a des bouchons dans la capitale).Pour plus de liberté de mouvement, nous avons loué une voiture. Le calcul est intéressant car le coût de location reste raisonnable (environ 45€ par jour pour une petite berline) et l'essence est à un prix qui nous paraît dérisoire (environ 0,5€/L au moment où j'écris ces lignes).Pour louer une voiture en tant que touriste, c'est assez simple, il suffit d'avoir fait faire le permis International à la Préfecture avant de partir (c'est en fait un simple livret qui traduit le permis) puis se présenter au bureau de location (il y en beaucoup).Ceci dit, j'aurais tendance à ne pas recommander une telle location, tout du moins si cela implique la conduite dans Bangkok. La circulation y est dense, et les Thaï assez calmes, mais il y un certain nombre d'habitudes et de règles implicites qui sont bien différentes de chez nous et qui nécessitent d'avoir circulé pas mal dans le pays avant de les avoir assimilées. En ajoutant à cela la conduite à gauche, la multitude de motos qui dépassent de tous les côtés dans les bouchons et la relative difficulté à s'orienter dans la capitale, et vous aurez compris ma prudence.
Armé de mes 10 mois de taxi (en tant que passager, certes), j'ai tenté le coup, et m'en suis sorti sans dommage.Une fois quitté le coeur de la capitale, la conduite est plus tranquille. Khao Yai n'est qu'à quelques pas de Bangkok, et à peine les premières pentes grimpées, on sent l'air se faire moins étouffant. La région de Khao Yai est notablement plus tempérée que Bangkok. Moins humide, moins chaude, les nuits peuvent être fraîches... enfin, tout est relatif, cela veut juste dire qu'il faut prévoir un gilet. Oubliez la parka.Ce climat agréable et la proximité avec Bangkok explique pourquoi beaucoup de citadins y passent leurs week-end, voire possèdent une résidence secondaire là-bas... et en particulier des Occidentaux, en mal d'un peu de fraîcheur. On les comprend.
De nombreux hôtels, lodges et résidences secondaires se situent à proximité de l'entrée nord du parc. Nous avions réservé au Khao Yai Garden Lodge (http://www.khaoyai-garden-lodge.com). Les chambres nous ont agréablement surpris par leur grande taille et la décoration traditionnelle. Cependant, il existe de nombreux autres logements tout au long de l'unique route menant au parc, et il semble facile d'y arriver sans avoir réservé. Pour les plus aventureux, il est possible de camper dans le parc, où d'y louer des bungalows spartiates.
L'intérêt de loger dans de tels "lodges" est qu'ils vous proposent aussi des services d'excursions à la journée ou la demi-journée.Nous avions décidé de se débrouiller tous seuls pour la première journée. Arriver par le sud du parc, le traverser de part en part (c'est facile, il n'y a qu'une route) et de s'arrêter quand on avait envie. C'était une très bonne idée: par chance (ou clairvoyance, comme vous voulez) nous nous sommes arrêtés là où l'excursion organisée du lendemain ne nous emmènerait pas. A peine entrés dans le parc, un panneau nous indique la proximité d'une des nombreuses chutes d'eau du parc. C'est l'occasion de faire un pique nique... et le ciel est avec nous: un joli soleil apparaît alors qu'on arrive sur les lieux, faisant éclater les couleurs des dizaines de papillons venus là pour se désaltérer.Maman n'a pas beaucoup mangé... mais a compensé en ramenant des dizaines de photos splendides. Et nous ne savions pas que ce n'étaient que les premières d'une longue série.
Repartis en voiture vers le nord, nous croisons sur la route des Macaques puis nous faisons un arrêt au "Visitor Center". Super! Un chemin découverte d'environ 1200m a été balisé et pavé. C'est l'occasion de faire un petit tour rapide dans la forêt.Malheureusement, aucun des nombreux panneaux situés à l'entrée ou au cours de la ballade ne mentionnent l'importance d'aller emprunter des guêtres dans le petit bâtiment caché là-bas, dans le coin. Après 10 minutes de "oooh" et "aaah", nous avons réalisé que, même dégagé, même pavé, même en bordure... la jungle reste la jungle, et les sangsues sont tout aussi actives. Forcément, nous avons fini la ballade un peu au pas de course. Pour info, des chaussettes épaisses ne constituent en rien une bonne protection. Ca se faufile partout, à une vitesse étonnante et seules des guêtres en coton serré et bien arrosée d'anti-moustique décrocheront ces sales bêtes.Heureusement, ce n'est pas douloureux, et, comme elles sont toutes petites, elles se retirent facilement (sans avoir besoin de les brûler comme dans les films).
Pas tant que ça refroidis par cette aventure, nous avons continué notre exploration, croisant de nouveaux papillons, un gros lézard aquatique, quelques oiseaux et des biches.
Après une nuit agréable (pas besoin ni de clim', ni de ventilo), nous partons, cette fois-ci, équipés et encadrés. Le savoir-faire du guide est impressionnant. Même à 50km/h dans le pick-up, il était capable de dénicher un Kalao caché dans un arbre au loin.Grâce à lui, nous avons crapahuté presque 4 heures au coeur de la jungle. Cette fois dans des petits chemins à peine tracés, un peu glissants et vraiment exotiques.C'est l'immersion complète. On perd facilement ses repères, la végétation monte très haut et semble mener un combat constant. Les arbres grandissent, les lianes les étouffent, les termites les mangent... Le bruit des criquets, singes et oiseaux est presqu'assourdissant. Ils sont partout autour, et pourtant si difficiles à voir.
Heureusement, le guide est là pour vous dire où regarder, et grâce à sa longue vue, l'observation est formidable. Il est même possible de l'utiliser pour prendre des photos avec son petit numérique... Mais rien ne vaudra un appareil Reflex avec un gros téléobjectif (spéciale dédicace à Maman, véritable photographe animalier amateur).
Nous avons vu des Kalaos et de nombreux autres oiseaux colorés, croisé des macaques, des gibbons, une vipère d'un vert éclatant, des dizaines d'espèces de papillons et même croisé à plusieurs reprise des traces d'éléphants.Ceux-ci sont cependant très farouches et, au dire des guides, presqu'impossible à apercevoir tant ils se fondent dans la végétation. Il reste aussi une dizaine de tigres dans le parc. Eux non plus ne sont pas aperçus souvent, et, dans un sens, c'est tant mieux.
Vous l'aurez compris, c'est la tête (et la carte SD) remplie d'images fabuleuses que nous sommes repartis de ce week-end, bien loin des sentiers battus.
Pour plus de photos de ce week-end, allez ici: http://www.flickr.com/photos/mr_jyf/sets/72157608414611406/