Une compagnie de CRS, plusieurs commissaires de police, des «effectifs du cru»... Au total ce ne sont pas moins de 120 fonctionnaires de police qui ont été mobilisés toute la journée d’hier quai de Queyries à la Bastide. Un dispositif impressionnant déployé de 6 heures hier matin à 18 heures hier soir, pour procéder à l’expulsion du collectif d’artistes «La Bonne Etoile», qui squattait un bâtiment désaffecté appartenant à la société «Les Silos du Mirandais», situé juste à côté des ateliers du tramway. Un déploiement de force qui a suscité un début de polémique attisé par Gérard Boulanger, l’avocat de l’association, jugeant notamment les moyens policiers démesurés. D’autant que selon la Préfecture, ce squat abritait une dizaine de personnes. «Une implication forte était nécessaire afin d’interdire l’accès aux locaux», explique Albert Doutre le DDSP (Directeur départemental de la sécurité publique). «Il fallait que force soit rendue à la loi et tout s’est déroulé sans l’utilisation de la force», ajoute le patron de la police en Gironde. Le collectif, connu dans le milieu artistique bordelais et qui s’était installé à cet endroit depuis la fin 2006, faisait l’objet d’une décision judiciaire d’expulsion depuis novembre 2007. Mais c’est seulement le 15 octobre que l’association a appris que l’expulsion pouvait être effective d’un jour à l’autre. Hier, derrière un périmètre de sécurité qui s’étendait sur une grande partie du quai de Queyries, deux sociétés de déménagement sont venues enlever le matériel stocké par l’association. Du matériel lourd, puisqu’il y avait notamment un échafaudage, des gradins ou encore une cheminée artistique géante qui ont été emmenés dans un dépôt à Bacalan. «Tout cela a demandé une logistique extrêmement importante», précise encore Albert Doutre, afin de justifier la taille du dispositif policier. De son côté, la Préfecture de la Gironde qui a fait procéder à l’exécution de la décision d’expulsion et en a détaillé la genèse dans un communiqué, a précisé, dans ce même communiqué, que cela ne remettait pas en cause «l’appui qu’apporte l’Etat en Gironde et en Aquitaine aux cultures urbaines et aux arts de la rue», avant d’énumérer les subventions accordées à diverses associations culturelles. Reste à savoir ce que va devenir ce bâtiment. La société propriétaire a expliqué il y a quelques jours dans les colonnes du journal Sud Ouest qu’elle était sur le point de le vendre. La ville et la Cub aussi sont intéressées, puisque cette parcelle se trouve dans le périmètre du futur éco-quartier de la Bastide. L’une ou l’autre pourrait bien faire jouer son droit de préemption dès lors que le bâtiment sera mis en vente.
Sébastien Marraud