Aujourd’hui, petite biographie d’un de mes acteurs préférés, une des “tronches” les plus marquantes du cinéma, j’ai nommé Monsieur Lance Henriksen. Quand on apprécie le cinéma de genre (voire le cinéma tout court), il est impossible de ne pas tomber au moins une fois sur le faciès si particulier de Lance Henriksen.
Pourtant, la vie ne le destinait pas vraiment à une carrière d’acteur. Né le 5 mai 1940 à New York au sein d’une famille pau" style="FONT-SIZE: 10pt; mso-bidi-font-family: Arial; mso-ansi-language: FR">Au cours de sa jeunesse, il alterne les petits boulots et les courts séjours en prison, se promenant à travers le pays dans des trains de marchandise. A 16 ans, il tente d’entrer à l’Actor Studio mais est rejeté. Cherchant à connaître un peu plus la vie de son père, il partira quelques années en mer. De retour à New York en 1969, il réussit enfin à intégrer la prestigieuse école d’art dramatique. Il travaille quelques temps en tant que mime pour le Boston Opera puis finit par utiliser ses talents de peintre en devenant décorateur de théâtre. C’est ainsi qu’il décroche son premier rôle d’acteur, dans une pièce dont il avait créé le décor. Sa carrière est alors lancée, malgré un handicap de taille. En effet, ayant quitté l’école très jeune, Lance est illettré. Il demande donc à un de ses amis de lui lire ses scripts et de les enregistrer pour qu’il puisse les apprendre. Il finira par apprendre seul à lire en déchiffrant les scenarii qu’il reçoit.
Dans les années 70, il fera une première rencontre déterminante pour sa carrière. En effet, il se retrouvera à jouer dans une pièce off Broadway avec comme partenaire le grand Al Pacino. Les deux hommes sympathisent et Pacino use de son influence pour faire jouer Henriksen dans ses films, notamment le fameux Un après-midi de Chien de Sidney Lumet. La deuxième importante rencontre de sa carrière surviendra à la fin des années 70, lorsqu’il tournera sous la direction d’un poulain de l’écurie Roger Corman, un jeune homme nommé James Cameron. C’est le début d’une longue amitié, puisqu’après avoir tourné Piranhas 2 : Les Tueurs volants ensemble (un mémorable nanar), Cameron envisage de lui donner le rôle-titre de son premier vrai film, une série B de science-fiction nommée Terminator (1984). Finalement, c’est Schwarzenegger qui écopera du rôle, mais Henriksen incarnera à la place le tenace détective Vukovich. Mais le rôle qui va véritablement faire exploser la carrière de Lance Henriksen et le révéler au grand public sera bien évidemment celui de l’androïde Bishop dans le génial Aliens, le Retour (1986), toujours de James Cameron. Henriksen apporte une ambiguïté bienvenue au personnage, tout en le rendant terriblement attachant. D’ailleurs, il reviendra faire un petit coucou dans le superbe Alien 3 (1992) de David Fincher, et la scène de sa mort restera l’une des plus déchirantes de toute la saga. Je préfère ne pas trop m’attarder sur le pitoyable Alien vs Predator de Paul Anderson (2004), dans lequel il incarne Charles Weyland, le personnage ayant servi de modèle à Bishop.
A partir des années 70, Lance Henriksen enchaîne les tournages à un rythme infernal, jouant dans tout et n’importe quoi. Car il faut bien avouer que sa carrière comporte pas mal de nanars, même si souvent sa présence seule suffit à remonter le niveau du film. Grand amateur de cinéma de genre depuis son enfance, il a participé à la plupart des grandes sagas du cinéma fantastique au cours de sa carrière : les Alien et les Terminator bien évidemment, mais aussi la malediction (Damien : La Malediction 2, 1978, Don Taylor), Pumpkinhead (1989, Stan Winston), Hellraiser (Hellraiser : Hellworld, 2004, Rick Bota), Scream (Scream 3, 2000, Wes Craven), Mimic (Mimic : Sentinel, 2003, JT Petty), House (House 3 : The Horror Show, 1989, Hugh Laurie). Son faciès si particulier ainsi que sa voix rauque le condamnent souvent à incarner des personnages troubles ou torturés (pas mal de personnages de flics à son actif), voire des rôles de bad guys et de traîtres (comme dans Chasse à l’Homme de John Woo, où il affronte Jean-Claude Van Damme). On a pu aussi le voir aux côtés de grands acteurs et/ou réalisateurs, que ce soit Bruce Willis (Color of Night, 1994), Andy Garcia (Jennifer 8, 1992), ou bien encore Sharon Stone et Leonardo di Caprio dans le western Mort ou vif de Sam Raimi (1995). Henriksen a aussi participé à deux episodes des Contes de la Crypte, dont le fameux et délirant Cartes à double tranchant.
Actuellement, Henriksen traîne sa carcasse décharnée dans divers DTV et séries B fauchées parfois sympathiques (Madhouse de William Butler, 2006), mais plus souvent indigentes et indignes de son talent (The Da Vinci Treasure, Alone in the dark 2, Hellraiser : Hellworld…). Donc mon vœu est maintenant qu’un réalisateur fan du bonhomme se réveille et lui redonne un rôle important dans un bon film, histoire de pouvoir enfin le retrouver sur un écran de cinéma.