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Sauvetage de l'UBS : plus interventionniste que le PS suisse tu meurs

Publié le 29 octobre 2008 par Francisrichard @francisrichard

Sauvetage de l'UBS : plus interventionniste que le PS suisse tu meursLe 20 octobre le PS suisse a élaboré un contre-projet ( ici ) au plan de sauvetage de l'UBS (voir mon article Comme les autres: le Conseil fédéral veut intervenir pour sauver l'UBS  ). Il est intéressant de voir que le PS suisse fait un bon diagnostic, mais qu'il préconise un remède encore pire que le mal.
En effet, à propos du sauvetage de l'UBS, le PS "refuse de cautionner une opération qui consacre la privatisation des bénéfices et la socialisation des pertes". On croirait entendre le propos d'un libéral, entendez d'un ultra-libéral, pour les oreilles chastes et pures d'un socialiste pur jus.
La conséquence d'un tel constat devrait être de combattre dans son existence même ce sauvetage, comme tous les sauvetages par l'Etat de compagnies privées. Dans Le Temps du 8 octobre, Martin Masse rappelle ce qu'un libéral - un ultra-libéral - devrait penser à propos du plan Paulson qui vient alors d'être adopté (article reproduit le 10 octobre ici sur le site de l'Institut Molinari ):
"Les impôts qui devront être prélevés pour financer ce plan permettront sans doute de maintenir certaines compagnies à flot, mais ils détourneront des capitaux, tueront des emplois et rendront des entreprises moins rentables ailleurs dans l'économie. Accroître la masse monétaire a le même effet. Il s'agit d'une taxe invisible qui redistribue les ressources à ceux qui ont accumulé des dettes et qui ont fait de mauvais placements".

L'auteur de l'article, qui est à lire dans son entier, prédit un marasme prolongé dû à cet interventionnisme, comme cela s'est produit dans les années 30...
Ce n'est évidemment pas l'analyse que fait le PS suisse à propos du plan de sauvetage de l'UBS concocté par le Conseil fédéral. Pour lui la crise est le résultat de la trop grande liberté laissée aux banques, même s'il est avéré que son origine se trouve précisément dans l'interventionnisme de l'Etat (voir mon article Le marché du crédit hypothécaire perverti par l'interventionnisme ).

Le PS suisse est tout chagrin que les élus du peuple, hormis ceux de la Délégation des finances, n'aient pas été consultés. En effet finalement il n'y aura pas de session extraordinaire du Parlement sur le sauvetage de l'UBS. Le Conseil fédéral a légiféré par ordonnance, invoquant l'urgence qu'il y avait à sauvegarder les intérêts du pays. Il a évité la belle bataille parlementaire que je prédisais et qui n'aura donc pas lieu, sinon peut-être en décembre, avec bien du retard, lors de la session ordianire, quand les jeux seront faits.
Ce que le PS suisse apprécie encore moins c'est que la Banque nationale suisse (BNS) ait décidé d'implanter la société, créée par elle, et destinée à recueillir les crédits toxiques de l'UBS, aux îles Caïman, qui sont, horreur, un paradis fiscal  ( ici ). Ce qui prouve deux choses : que la Suisse n'en est pas un (comme je m'efforce de le rappeler dans mon article La Suisse, paradis fiscal ? Si seulement...  ), - sinon pourquoi aller là-bas ? - et qu'un paradis fiscal a du bon puisque l'on peut y créer une société rapidement et à moindres frais. Seulement le PS, c'est bien connu, ne rêve que d'enfers pour les travailleurs...

Entre parenthèses - cela ne figure pas dans le contre-projet puisque non connu à ce moment-là - Christian Levrat, président du PS suisse, est monté sur ses grands chevaux quand il a appris dans le Sonntagsblick du 26 octobre, que les partis de droite - le PDC, le PRD et l'UDC - se partageaient chaque année 2 millions de francs en provenance de l'UBS et du Crédit Suisse. Pourtant cette manne aurait certainement alimenté la caisse de son parti si celui-ci ne s'était pas montré systématiquement hostile à ces deux grandes banques du pays... 
Dans son contre-projet, le PS suisse propose donc de recapitaliser l'UBS à travers le schéma suivant : la Confédération et les Cantons créent une société d'investissement dont ils détiennent respectivement un tiers et deux tiers des actions, correspondant à leurs quote-parts dans les bénéfices de la BNS. La BNS prête un montant (qu'elle devra elle-même emprunter) à la société d'investissement. La société d'investissement, avec ce montant, participe à une augmentation de capital de l'UBS, qui reçoit par ailleurs les 6 milliards de dollars déjà accordés par la Confédération. La société d'investissement reprend à l'UBS une partie de ses crédits toxiques pour l'aider à traverser la crise.

Ce que le contre-projet du PS suisse ne dit pas c'est combien la Société d'investissement empruntera à la BNS pour augmenter le capital de l'UBS et si elle devra lui emprunter pour reprendre une partie des crédits toxiques de l'UBS. On peut imaginer cependant qu'elle apportera à l'UBS, d'une manière ou d'une autre, les 54 milliards de dollars prévus par le Conseil fédéral, sous forme de souscription à une augmentation de capital et sous forme de prêt. Ce qui veut dire que compte tenu du capital actuel de l'UBS, le sort de la première banque du pays sera désormais entre les mains de l'Etat, ce qui n'est guère rassurant, compte tenu de tous les précédents historiques. 
Le plan de sauvetage de l'UBS, décidé par le Conseil fédéral, sera certes lourd de conséquences (la BNS empruntera tout de même 54 milliards à la banque centrale américaine), mais il a au moins les avantages de ne pas faire de l'Etat le principal actionnaire de la banque et de chercher à le désengager dès que possible, puisque l'Etat, avec 6 milliards, ne détiendra tout au plus que 9,3% du capital-actions de l'UBS. L'évaluation des crédits toxiques a d'autre part été faite de telle manière qu'à plus ou moins long terme la BNS devrait pouvoir les liquider sans essuyer de pertes.
En définitive, avec le contre-projet du PS suisse, destiné "à donner un contrôle et un droit de regard des pouvoirs publics sur l'UBS et son management", on aboutit à socialiser encore plus les pertes et à pérenniser cette socialisation. Le PS suisse reste bien pareil à lui-même : plus interventionniste que lui tu meurs.
Francis Richard


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