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Par Luc24

La critique  

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 Un premier film original et impressionnant

 

Quelque part, une maison isolée. Une vue sur une autoroute déserte. Marthe (Isabelle Huppert) et Michel (Olivier Gourmet) ont bâtit ici leur vie et leur famille. Ils y vivent désormais des jours plutôt heureux, entourés de leurs trois enfants (deux filles ados et un petit garçon). Mais voilà que leur existence est troublée par la mise en route de l’autoroute construite en face de chez eux. La circulation, le bruit des voitures, apparaissent rapidement comme une menace à leur quotidien. Plus rien ne sera comme avant et les petits détails qui dérangent vont rapidement devenir un cauchemar. La solution serait simple : déménager. Mais Marthe refuse cette option, elle ne se sent pas la force de « tout recommencer ». Et c’est ainsi que l’enfer commence pour de bon…

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Présenté à la Semaine de la critique à Cannes, puis objet d’un véritable buzz, Home débarque enfin dans les salles françaises. Et le moins que l’on puisse dire c’est que pour un premier film, la démarche est vraiment audacieuse et réjouissante. Ursula Meier a réussi à créer un univers personnel dans lequel on se perd très facilement. Son œuvre n’est pas datée, laisse place à un esthétisme joliment rétro. Nous ne sommes pas là devant un film convenu, comme les autres. La première partie du long métrage pose les personnages et montre l’existence plutôt heureuse et banale de la famille de Marthe et Michel. Le bonheur c’est être avec ses enfants, bronzer sur son transat dans le jardin, écouter la radio, diner le soir en terrasse. Des petits riens qui font tout. Et des petits riens voués à disparaître avec le lancement de cette autoroute qui était restée inactive pendant dix ans après sa construction.

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L’autoroute est donc un personnage à part entière du film. Impossible de la louper en regardant par la fenêtre, elle est toujours là en arrière plan. Comme une menace qui plane. Et lorsqu’à la radio on annonce son ouverture, on a comme l’impression que ce sont les extraterrestres qui vont débarquer. Se mêlent excitation et peur face à la venue des « envahisseurs » de la route. D’abord curieux, les habitants de la maison vont progressivement avoir les nerfs à vif. Ursula Meier a veillé à faire un travail remarquable sur le son et ainsi à chaque fois qu’un personnage traverse l’autoroute (pour ramener les courses, laisser les poubelles) il y a un véritable malaise, la crainte d’un incident terrible. Au portrait réaliste d’une famille en perte de repères s’ajoute alors soudainement une ambiance de science fiction, oppressante et maitrisée.

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Dans sa dernière partie, Home tombe dans une sorte de huis clos cauchemardesque, porté par un casting de premier choix. Une fois de plus, Isabelle Huppert s’engage dans un projet en dehors des sentiers battus et ses acolytes (génial Olivier Gourmet, filmé avec une certaine sensualité, jeunes acteurs parfaitement dirigés) n’ont pas à pâlir face à elle. Chaque personnage ici est creusé tout en gardant cette part de mystère qui provoque la fascination. Home est en conclusion un film atypique, qui se ressent et dans lequel il est hautement conseillé de plonger sans filets pour mieux s’y perdre. Qu’on se le dise, Ursula Meier est une réalisatrice à suivre.


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