En juillet dernier, lors d’un dîner chez ma bonne copine Sophie, son mari Paolo m’annonce qu’ils vont finalement construire leur maison en Bretagne avec des conteneurs… Je le regarde avec des yeux tout ronds, et il m’explique qu’en effet, il est encore trop coûteux pour eux de construire la maison écolo de leur rêve (nous en parlions il y a peu ici même) et qu’ils trouvent cette solution originale, éco-logique, en complet accord avec leurs convictions et surtout beaucoup plus abordable pour leur porte-monnaie.
J’ai donc demandé à Paolo de m’expliquer en quoi cette solution était mieux pour eux, et j’ai surtout fait quelques recherches plus approfondies, remarquant que la solution est très “in” en fait: tout le monde en parle, ou presque, dans les journaux ou sur les blogs branchouilles et design! Mais méfions nous aussi, parfois les conteneurs ne sont pas issus de récup…
Entre mer et terre…
Photo Noticias Arquitecturas
Les containers maritimes sont des boîtes métalliques destinées à contenir des marchandises pour les transporter à travers le monde. C’est un américain, Malcom Mclean, qui est à l’origine de la “containerisation” du transport maritime de marchandises. D’après l’association Seasmarine, son entreprise, SEA LAND, fut la première à mettre en place un service terrestre – maritime utilisant comme unité un conteneur métallique. Ses bateaux furent les premiers bateaux – porte conteneurs. En 1972 étaient alors construits les premiers bateaux officiellement et uniquement dédiés aux conteneurs… nous connaissons la suite! La fameuse révolution du conteneur: le transport par container assure 80% de la valeur totale des marchandises transportées par voie maritime. En 2006 d’ailleurs, la compagnie danoise Maersk a lancé l’Emma maersk qui a une capacité de 11 000 conteneurs: le plus long bateau du monde en activité!
D’après les recherches effectuées par Paolo, les premières utilisations d’un container en tant qu’habitat viennent des scientfiques en milieux polaires, qui dans ces conditions extrêmes avaient besoin d’un habitat et de labos résistants à toute météo. Mais aujourd’hui les containers deviennent aussi une structure noble et une matière première pour les architectes/designers.
Surtout, les maisons en containers maritimes répondent davantage à la notion de recyclage chère à ceux qui fabriquent leur maison ainsi. D’ailleurs les fabriquants ne s’y trompent pas et mettent en avant l’utilisation des milliers de containers de seconde main non utilisés qui encombrent les gands ports du monde entier. Il y aurait donc surplus de stock.
Mobile Dwelling Unit” - LOT-EK
Comment ça marche?
Le collectifs d’architectes new-yorkais LOT-EK est l’un des plus connus sur le sujet. Il a notamment mis au point le “Mobile Dwelling Unit” (Unité mobile de logement): cette idée est sommes toute très américaine lorsque l’on sait le rapport particulier qu’ont les américains avec leurs maisons. Là, le MDU vous permet de transporter votre maison par cargo n’importe où dans le monde! Une autre de leur réalisations, le “CONTAINER HOME KIT” , correspond à un assemblage de containers qui donnent au final un ensemble moderne variant généralement d’une superficie de 90 à 270 m2.
Mobile Dwelling Unit” - LOT-EK
Le complexe Londonien “containercity” est très souvent cité également sur le sujet. Créé en 2001 sur les docks de la capitale britannique à partir de 80% de matériaux recyclés, ils furent victimes de leur succès si bien qu’un second village de containers a été créé en 2002. Les “TempoHousing” au Danemark sont un autre bon exemple, notamment pour les cités U.
Container City - Londres
La Drop House est aussi souvent mise en avant (car très belle). Mais elle n’est pas tout à fait identique car ses matériaux sont différents de ceux des maisons en containers maritimes (la drop house a été créée lors d’un concours d’architectes organisé par ALGECO, le fabricant de modules préfabriqués - surtout connu pour les cabanes de chantier). Sa structure n’est donc pas entièrement en métal, à la différence des containers.
Drop House
Qui plus est il existe aussi une différence d’objectifs entre la drop house et les maisons containers type: comme me l’a expliqué Paolo, “la drop house est un prototype qui a pour objectif premier de répondre à la mobilité grandissante de notre espèce !! Et donc de proposer une maison offrant un maximum d’espace et de confort tout en étant transportable sur route (une fois les éléments rentrés la maison récupère ses dimensions de container routier). Donc la drop house est “écolo” du fait qu’elle est préfabriquée (chantier quasi propre, rapidité d’installation), qu’elle peut être positionnée n’importe où en tenant compte de l’exposition optimum pour viser l’autonomie énergétique, et qu’elle peut à mon avis être fabiquée à partir d’algeco d’occasion mais y en a-t-il?
La maison container reprend les mêmes avantages écologiques, cependant on est sûr qu’elle est faite à partir de containers recyclés, et que son chantier est davantage propre car sans dalle béton donc moins d’eau encore….et aussi que plutôt que de vivre dans un boîte en plastique, au moins avec le container on peut choisir des isolants écolo.”
Comment faire pour s’en fabriquer une alors?
Naturellement ma première question fut de savoir comment isoler le container. D’après Paolo, en zone tempérée tout isolant est le bienvenu. Le mieux est de le placer à l’extérieur du container derrière un bardage bois (plus joli que la tôle). Si l’on veut garder l’aspect tôle, alors il faut prendre des isolants très minces afin de ne pas empiéter sur l’espace intérieur qui est déjà étroit (largeur 2,30m environ). Les isolants les plus minces étant soit les moins écolo (polyuréthanes) soit les plus chers (liège, mais quoi de plus écolo que le liège?). En zone de climat chaud, une couche de peinture contenant de la céramique très spéciale suffirait à annihiler tout effet de “four” sans autre isolant (à vérifier).
Côté prix, la quick house de KALKIN est aux environs de 180 000 dollars livrée pour 180m2. Il faut compter 100 000 euros pour celle de 90m2. D’après Paolo on peut arrondir à 1000€ le m2 et il n’y a plus qu’à la meubler et l’équiper! KALKIN ou Habitainer font la maîtrise d’ouvrage en Europe.
KALKIN
Pour construire soit-même (environ 20% moins cher), il suffit de contacter n’importe quel fournisseur de container près des grands ports marchands de France (Marseille, Le Havre, Rouen), qui peuvent assurer la vente, la livraison et qui connaissent forcément les techniciens capables de les assembler (c’est à dire les souder entre eux) et de faire les découpes principales pour les fenêtre et les portes.
Et surtout vous pouvez trouver tonne d’infos sur le blog d’un couple qui construit lui-même, actuellement, sa maison en container.
Avec la crise de l’immobilier et du logement, certains pensent que nous allons assister à une recrudescence de mobilhomes en France (d’après un propos de Jacques Attali…). Or avec les containers on peut effectivement faire un mobilhome plus écolo, “et en plus on pourrait penser à envoyer des containers préaménagés à Haîti ou à Cuba après (ou avant) les ouragans et les inondations !!!! Pas cher, écolo et rapide à installer… qu’attendons-nous?” me demande Paolo! Je vous le demande!;-)
++ Cargo de Liens ++
- Containerinfo
- Le site des créations de Kalkin
- LOT-EK
- Habitainer.com
- Habitainer.es
- Drop House, ou la maison Ultra mobile, Creargos
- Drop House
- TempoHousing
- Containercity.com
- Noticias Arquitectura (photos + animation 3D)
- Nochamo
- Fabprefab.com
- Morehouse.fi
- Factoryexpress.com
- Quelques liens sur Container.2ate.net
Quelques articles:
- SG Blocks Container House - Mase of shipping Containers, Freshome
- Inhabitat, Prefab Friday - Lot-ek
- Environmental Graffiti, 5 incredible Container Houses
- Elle déco n°176 - La deuxième vie des Conteneurs, Danièle Gerkens, ELLE
Richard Martin et l’ONG Global Peace Containers
Le Blog Maison Container
Question orthographe, on écrit aussi bien “conteneur” que “container”…