Loin d'un film comme Nixon ou JFK, W passe surtout pour que ce l'on ne soupçonnait pas : une farce intelligente et déconcertante sur un type qui finalemement nous est complètement étranger à des années lumières du drame politique que l'on envisageait. W c'est avant tout (et surtout) la possibilité d'en apprendre un peu plus sur ce type, beauf Texan ultra populaire qui ne rêvait que d'une chose : devenir entraîneur de baseball. Encadré et élevé dans une famille puissante, W. Bush n'était pas du tout destiné à la politique et assister à son parcours nous permet de mieux comprendre l'homme et surtout de saisir comment ce type archi populaire en est arrivé là. Si l'interprétation est remarquable (tous incarnent à merveille leurs personnages à commencer par un Josh Brolin impeccable), que la restitution des époques est très bien agencée et que le parcours reste addictif pour ne pas décrocher, force est de constater qu'Oliver Stone a perdu de son mordant et que la prise de risques n'est plus d'actualité. La faute à un tournage dans l'urgence pour être livré avant les élections ? Possible. Toujours est-il que l'on assiste à un biopic assez tendre dans son ensemble, parfois trop limité, à la narration déstructurée peu bénéfique et surtout évitant le soulèvement de polémiques. Ainsi, la période des attentats du 11 septembre est complètement zappée même si évoquée de loin tout comme les élections (premier comme second mandat) qui sont cette fois-ci sautées bien qu'un dialogue entre Bush père et fils y fasse un peu allusion. W est donc avant tout une grosse surprise dans son style et sur le plan humain mais une sacré déception dans ses objectifs de vie et drame politique. La vraie force du film c'est ce portrait de W. Bush, finement mené puisque permettant au spectateur de s'apercevoir de la puissance des médias à grossir le trait et enfoncer un personnage politique loin d'être débile et incompétent : juste un pauvre gars paumé dans un univers qui lui échappe et qu'il ne maîtrise pas. En cela, W est fascinant... mais ce manque de profondeur peut décevoir. Ainsi, on aurait bien aimé voir le film tenter plus de choses et durer une heure de plus. L'autre aspect décevant reste cette illusion qui ne tient pas longtemps à savoir celle de nous duper sur le vrai contexte comme la fin du film sur l'engagement contre l'Irak qui n'explique pas grand chose et surtout qui ne semble pas fidèle aux faits réels dans leurs explications.
W perd pieds dans l'empressement de la réalisation ainsi que dans les ellipses temporelles qui esquivent de sérieuses questions. Gênant ? Oui.
Il demeure néanmoins dans le film d'Oliver Stone un charme indéniable mais aussi une psychologie remarquable à cerner le mental d'un pauvre type Texan au combien drôle et amical mais pris au piège de son environnement, de son entourage, de sa famille... l'obligeant à douter et se retrouver déstabiliser à nous en faire vasciller les trippes (voir le dénouement lors de la fameuse conférence de presse où les propos d'un journaliste vont faire douter comme jamais le Président et le décribiliser avec force) sans compter le plan final du film, vraie métaphore sur le conscient et le subconsicent, à nous faire compatir avec ce type. Un comble !W s'avère donc être un film malade et non abouti qui perd de son impact par quelques erreurs mais qui dégage suffisament de pics et d'intelligence pour remuer et emporter l'adhésion. Bon film assez savoureux mais extrêmement incomplet, ronronnant et un peu vain.
Pourquoi y aller ?
L'interprétation de Josh Brolin et ses acolytes tous très bons. Le portrait dramatique de W.Bush qui nous permet de mieux le connaître et de relativiser sur le personnage publique.
Ce qui peut freiner ?
Les ellipses temporelles et les sujets qui fâchent mis sur la touche. La durée à la fois trop longue et pas assez du film.