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Koudlam - Live at Teotihuacán (2008)

Publié le 29 octobre 2008 par Oreilles
Ma platine vinyle est à deux doigts de déposer plainte pour harcèlement moral. Et pour cause, combien de fois lui ai-je déjà imposé la lecture de cet étonnant album de Koudlam. Je ne saurais l'estimer, je crois frôler la névrose et le tennis-elbow (à force de retourner le 33 tours). Mais que vous dire ? Ce disque est une pure pépite, encore une de ces galettes hors du temps, hors des modes. Coupable d'un travail de composition génial, Koudlam enfante une grande symphonie pop, à la fois viscérale et planante. Tout cela, il me semble, dans le plus profond anonymat...

Koudlam est un jeune homme de 28 ans, né à Abidjan de parents français. Francilien de résidence, le garçon, encore mineur, est initié à la musique électronique par des pionniers de la « scène » rave hexagonale. Il arpente les fêtes acides puis pose lui-même ses sets. « Pour garder le contact avec la discipline », selon ses mots, il s'inscrit à la fac et en ressort avec un master d'Histoire de l'art. Cet intermède estudiantin jugé clos, Koudlam se consacre alors totalement à la musique et scotche des heures durant l'écran de son ordinateur personnel. En 2006, il accouche d'un premier album autoproduit et introuvable, Nowhere, et commence à tourner dans la capitale.

Sa rencontre avec l'artiste parisien Cyprien Gaillard est décisive. Cet acteur du land art, diplômé de la Haute école d'arts appliqués de Lausanne, invite le musicien à composer la bande originale de son film-opéra « Desniansky Raion ». Le projet est récompensé à la Foire de Bâle en 2007 et intensément plébiscité par la critique. Koudlam parcourt alors l'Europe et joue sa partition sous forme de performance. Un début de gloire...

Moins d'un an plus tard, et avec flair, Romain Turzi et Arthur Peschaud signent le mecton sur leur label nouveau-né Pan European Recording, déjà responsable de l'excellente compilation psyché Voyage. Ils livrent ensemble Live at Teotihuacán, combinaison de nouvelles compositions et d'une partie de la BO de « Desniansky Raion ».

Il y a évidemment du Tangerine Dream chez Koudlam et tout ce que le rock progressif a fait de mieux dans les années 70. Mais il y a également l'héritage d'un enfant de la techno, associée à cette incroyable capacité à créer des ambiances, d'un tableau l'autre sans heurt. De séquences techno déchirées par des chants désespérés (« See you all ») à de soyeux interludes de pop électronique (« Eagles of Africa »). La palette de Koudlam est ample (les magnifiques simili-violons de « See you all ») et sa composition, très cinématographique, touchante. Le lascard fait un bel usage des nappes de synthétiseurs, confectionnant ses atmosphères avec minutie et tissant ainsi sa mystique symphonie. Cette musique viscérale il la nomme « heroic world music » et l'expression me sied bien. Il ajoute « de la pop pas faite pour cent personnes mais pour des millions », voilà mon seul souhait. Tout simplement le plus beau disque porté à mes oreilles récemment.

L'intégralité de l'album de Koudlam, dont les deux titres majeurs « See you all » et « The Great Empire » extraits de la BO de « Deniansky Raio », est en écoute sur sa page myspace.

En bref : Une symphonie magistrale aux paysages sonores étourdissants. La pop électronique viscérale et épique de Koudlam, son « heroic world music », bouleverse. A la rencontre du rock, de l'électro, de l'opéra, une pièce sublime.



A lire aussi : Voyage - Facing the history of french modern psychedelic music (2008)


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LES COMMENTAIRES (1)

Par vermidoux
posté le 07 novembre à 13:18
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Cet album est divin!!!

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